Un recensement national des opérateurs économiques «pourrait» être lancé en 2010, a déclaré, mercredi dernier, le directeur général de l’Office national des statistiques (ONS). Il faut avoir un terrible aplomb pour se hasarder sur ce «terrain».
D’ailleurs, l’utilisation du conditionnel par notre premier statisticien est à lui seul révélateur. Recenser quels opérateurs? Ceux qui activent légalement et sont inscrits sur tous les fichiers de l’administration (commerce, finances, travail,...)? Ceux à qui il est exigé une pile de documents à chaque opération? Si c’est de cette catégorie d’opérateurs économiques dont parle le DG de l’ONS, le problème déborde de la mission statistique et se pose gravement sur le fonctionnement des institutions censées encadrer l’activité économique. Comme le Centre national du registre du commerce. Comme les services des impôts. De la sécurité sociale. Et on en passe. Cela voudrait dire que toutes ces institutions sont défaillantes et ne remplissent pas convenablement leurs missions.
Alors quels types d’opérateurs économiques vise le recensement annoncé? Comme il ne reste que ceux de l’informel, la réponse est, on ne peut, plus simple. Et c’est là où l’aplomb est indispensable. Si l’ONS était en mesure de pénétrer ce «vase clos» elle mériterait les plus hautes distinctions du mérite. Qu’il nous soit permis d’en douter. Mais alors si ce n’est ni les opérateurs disposant d’un registre du commerce ni ceux qui n’en ont pas, le recensement que se fixe l’ONS «rimerait» à quoi? Un effet d’annonce? Une façon pour l’ONS de justifier le bien-fondé de son existence? De l’utilité du budget de fonctionnement qu’elle «dévore»? Force est de constater que la ficelle est grosse.
Certains de nos responsables croient avoir trouvé l’astuce de convoquer de temps à autre la presse pour faire croire à l’opinion publique qu’ils lui sont utiles. Ils y croient tellement fort qu’ils ne se rendent même pas compte qu’ils «s’emmêlent les pinceaux» et se contredisent dans une même conférence de presse. Aux côtés du DG de l’ONS qui annonçait le fameux recensement, le commissaire général à la planification et à la prospective s’est désolé de la «très faible» transparence du système économique national et plaide, afin de les «crédibiliser», pour la création d’une école nationale des statistiques.
C’est le planificateur qui se plaint du statisticien. Et comme les deux vont de pair, la question est vite réglée. Nous n’avons pas plus de planification que de statistiques fiables. C’est ce qui ressort des interventions des premiers responsables de ces deux institutions à l’issue d’une réunion du Conseil national des statistiques. Une réunion qui, tenez-vous bien, s’est tenue à huis clos. Il faut en effet beaucoup d’aplomb pour réclamer, en passant la tête par la porte, plus de transparence. Pour une prouesse, c’en est bien une! Quant à celle qui consiste à recenser les opérateurs économiques, tous les opérateurs qui activent sur notre sol, il nous faudra,malheureusement, encore attendre.
Zouhir MEBARKI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire