Appliquées sans discernement, les nouvelles mesures introduites dans la loi de finances complémentaire pour 2009 et régissant les crédits documentaires (Credoc) mobilisés pour les besoins de financement des opérations d’importation risquent de produire des effets désastreux au niveau de certains secteurs sensibles. C’est le cas, entre autres, de celui de la santé qui est traité au regard du nouveau dispositif de financement des importations comme on traite un banal container de bananes importées.
Alors que traditionnellement, à cette période de l’année, le vaccin contre la grippe saisonnière est largement disponible dans les pharmacies, la campagne de vaccination de cette année qui doit débuter comme de coutume à la mi-octobre pour être clôturée à la mi-novembre est déjà sérieusement compromise pour de nombreux citoyens parmi lesquels des sujets à risque qui ont pris l’habitude de se faire régulièrement vacciner pour faire face à la grippe saisonnière et passer l’hiver sans trop de dégâts.
A quelques jours du début de la campagne, le produit est introuvable dans les officines et ne le sera sans doute pas de sitôt. Seuls les hôpitaux et les centres de soins ont été approvisionnés en quantité insuffisante. La priorité est donnée en théorie aux personnes âgées, aux malades chroniques et aux futurs hadjis. Mais on sait dans la pratique comment se gèrent chez nous les situations de pénurie.
Pour le reste, pour les citoyens soucieux de se préserver de cette grippe sournoise, une pathologie en apparence bénigne mais qui peut se révéler, outre l’inconfort qu’elle produit sur la qualité de la vie du sujet atteint, des complications parfois gravissimes, il ne reste plus que la débrouillardise.
La recommandation pressante faite par les organisations de la santé pour se faire vacciner cette année contre la grippe saisonnière pour mieux affronter le virus de la grippe A (H1N1) a dopé de manière significative la demande sociale pour le vaccin de la grippe saisonnière. Dans les lieux de travail, dans les foyers, le sujet occupe les discussions et préoccupe. Cette situation qui nous renvoie aux années sombres des pénuries où il fallait jouer de ses relations pour se débrouiller un bidon d’huile a poussé les citoyens à se lancer de façon éperdue à la recherche de ce désormais précieux vaccin.
Certains n’ont pas hésité, pour ceux qui en ont les moyens, à faire venir le vaccin de l’étranger par le canal de la valise avec tous les risques que cela pourrait induire s’agissant d’un produit sensible qui doit être conservé sous une certaine température. Le ministère de la Santé et les pouvoirs publics brillent par leur silence devant ce cas de santé publique qui risque de se poser ultérieurement.
Imaginons le coût financier que devrait supporter la Sécurité sociale pour couvrir les dépenses de maladies de toutes les personnes atteintes de la grippe saisonnière et de ses complications éventuelles, ainsi que les pertes humaines qui pourraient être enregistrées, notamment parmi les sujets vulnérables !
La grippe tue chaque année 500 000 personnes dans le monde. Un simple geste préventif, un vaccin qui ne vaut sur le marché du médicament même pas le prix d’un kilo de bananes aurait pu éviter aux responsables du pays de se lancer dans ce choix irresponsable et suicidaire. La santé du citoyen, un droit constitutionnel dites- vous ? Allons donc !
Par Omar Berbiche
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