La rentrée a été aussi marquée par des dysfonctionnements sérieux, vérifiés, à cause de l’instauration d’un week-end parfaitement à cheval entre deux visions du monde, du siècle, deux mondes inégalement répartis entre le rationnel, les intérêts stratégiques du pays qui, bon gré mal gré, doit s’adapter à des superstructures auxquelles il demande d’adhérer, et des slogans creux, religieux, très loin de la société réelle et de la marche du monde.
Le vendredi est devenu saint, comme dans une autre religion. Toutes les spéculations possibles et imaginables remplissent chaque jour la presse privée, autour des intentions prêtées à M. Bouteflika. Tous les plans tirés sur la comète concernent un éventuel remaniement ministériel, des nominations de walis, de chefs de daïra, etc. La liste des intentions prêtées à M. Bouteflika est interminable.
Elle concernerait tous, tout sans aller au fond des choses un seul instant. Il y a un système qui a atteint toutes ses limites, et les changements d’individus, quelles que soient leurs qualités ne sont opératoires que si des directions inédites sont introduites avec des contrôles stricts sur l’utilisation des moyens de l’Etat, des sanctions réellement sévères contre la corruption au sommet et d’autres positives pour ceux qui allient compétence, rapport qualité–prix, respect des délais, etc. Les engagements pris par
M. Bouteflika avant le début de son troisième mandat pour la réduction du chômage, la création de millions d’emplois et de logements peuvent être tenus jusqu’au bout. Cependant, il y a des conditions que ceux qui gèrent directement ces dossiers doivent assumer. La transparence pour chaque dinar dépensé, l’affichage en temps des vrais chiffres du chômage, des logements livrés ainsi que la productivité de chaque emploi nouveau doivent être des règles respectées par tous. Les décisions prises pour remettre debout la SNVI est à saluer, malgré les chantres de l’ultra-libéralisme.
Ces derniers ont gardé le silence lorsque des dirigeants de grands pays, à commencer par les Etats-Unis, ont sauvé des banques… privées, évitant ainsi l’effondrement de l’ensemble du système bancaire mondial. Bien entendu, une mondialisation dont la réforme et la gestion sont désormais confiées au seul G 20, en excluant tous «les damnés de la terre», va imposer encore plus de concurrence, plus de dynamisme dans les pays développés qui ne feront aucun cadeau à tous les autres. Avec la disparition à terme des hydrocarbures fossiles ou la chute, toujours possible, de leur prix, l’Algérie a de gros défis avec d’énormes enjeux.
Les combats secondaires, les petites querelles de clocher, les discours à l’emporte-pièce et des incompétences crasses ne sont pas du tout utiles au pays. Là où on attend l’avis du ministère de la Santé sur l’opportunité d’aller ou non à La Mecque à cause de la grippe N1H1, ce sont les affaires religieuses, qui ne sont pas habilitées en matière de santé, qui annoncent que l’Algérie ne suivra pas la Tunisie.
Or, il ne s’agit pas de suivre, mais de considérer ce qui est un vrai danger de santé publique et d’anticiper au lieu de faire de la surenchère dans la religiosité. Qui sera responsable si seulement 100 personnes reviennent contaminées pour générer une pandémie ? Le montage de véhicules en Algérie, les systèmes éducatif, de santé et bancaire, la lecture publique, une offre sérieuse et diversifiée de télévisions (privées et publiques), un pluralisme syndical, la mixité comme liant social, ce sont là quelques problématiques lourdes qui peuvent menacer l’avenir si elles ne sont pas réglées rapidement. Il y a l’essentiel et le superflu.
Par Abdou B.
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