Pour gagner un match, il faut être onze. Douze avec l’entraîneur, treize avec l’adjoint, une vingtaine avec l’encadrement technique, une trentaine avec tout le staff, 100 000 avec les supporters, 35 millions avec l’ensemble de la population dans le cas de l’Algérie. Pour perdre un match, c’est par contre beaucoup plus simple. Il suffit d’un mauvais goal ou d’un seul mauvais défenseur qui laisse des trous.
Tout comme dans la bataille du développement où s’est engagée l’Algérie depuis 1962 : il suffit d’un mauvais ministre de l’Economie, d’un mauvais chef de gouvernement ou encore d’un seul Président pour que le décollage économique soit reporté à plus tard. On ne sait pas si l’Algérie va aller en Afrique du Sud, mais l’on sait qu’elle ne va pas aller bien loin dans ses réformes tant elle est installée dans un système inerte où le ballon ne tourne pas, et où le terrain verrouillé qui crée du vide, de la corruption et de l’injustice. Vaut-il mieux ne pas aller en Coupe du monde et réussir la bataille économique ?
Ou vaut-il mieux aller en Coupe du monde et redorer la fierté des Algériens, quitte à faire de mauvais résultats économiques, comme ceux qui se succèdent depuis si longtemps ? Car l’Algérie en est là, à fêter le sport-roi par défaut, tout en alignant les échecs économiques en subissant un régime royal où rien n’est discutable et tout se fait sans la participation des Algériens.
On peut critiquer Saâdane et son choix de joueurs, mais pas le Président et son choix de ministres. On peut contester la stratégie de Saâdane mais pas celle des dirigeants politiques. Dix ans après, l’Algérie en est encore dans une économie où il suffit que le pétrole dégringole pour que tout le pays descende aux enfers. Mieux vaut alors gagner la Coupe du monde et faire de Saâdane le président. On aura bouclé la boucle et, comme de bons ovins bien verts, on pourra manger du gazon.
Par Chawki Amari
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