Bien que la crise ait touché l’Algérie de plein fouet, cette dernière l’a finalement traversée sans dégâts majeurs en comparaison avec des pays insérés internationalement de façon similaire tels que la Russie et les pays du Golfe qui ont perdu beaucoup plus du fait de leur stratégie d’ouverture monétaire et boursière.
Notre pays maintient ainsi pour 2009 un taux de croissance de 2,1% selon le FMI mais plus probablement de 3,9% comme l’a indiqué le ministre des Finances anticipant notamment sur un taux exceptionnel de croissance du secteur agricole. Mais malgré cela la gouvernance de l’économie algérienne reste toujours soumise à de fortes pressions internes et externes. Est-ce un signe de son dynamisme ou au contraire un symptôme de son aphasie ? En vérité, ni l’un ni l’autre.
Les débats sur les conséquences de la LFC 2009 auxquels se sont invités largement les partenaires étrangers ont eu le mérite, au-delà du raccourci idéologique inapproprié et facile sur les “vrais patriotes” qui “soutiennent” la LFC 2009 et les autres, de mettre en évidence deux courants d’analyse concernant les ajustements de l’économie algérienne face à la crise. Pour le premier il s’agit d’une pause inadéquate dans les réformes qui freinent notamment les IDE, sur fond de retour au protectionnisme et dont l’objectif caché serait de recentrer davantage dans le champ national l’accès aux diverses rentes.
Pour le second courant, il s’agit au contraire de donner un coup d’arrêt légitime et salutaire à l’explosion des importations de biens, qui aggravent le syndrome hollandais, en instituant une sorte de préférence nationale de nature à stimuler le développement des capacités nationales de production de biens et de services. Peut-on affirmer que ces deux types d’analyses soient aussi divergents et aussi antinomiques ?
En examinant les faits, que peut-on observer ainsi au-delà des intentions assumées, inavouées ou même prêtées aux uns et aux autres ? On relève, certes, des couacs résultant des dégâts collatéraux des récentes mesures sur certaines PME mais on peut relever également dans un champ daté antérieur d’autres couacs résultant quant à eux d’engagements non entièrement tenus par des partenaires étrangers disposant pourtant de la majorité. On constate ensuite des frémissements sensibles non seulement dans le secteur agricole et ceux de l’industrie et de l’énergie.
Commençons par l’industrie : les entreprises ENIEM et SNVI bénéficient du “rachat” de leur endettement, “rachat” sans lequel elles ne peuvent être viables. Les pouvoirs publics ne pouvaient pas rester plus longtemps dans un attentisme coûteux en laissant péricliter des capacités “dormantes” de production d’autant que ces dernières soutiennent un réseau diversifié de sous-traitance industrielle. Cette mesure est justifiée, au-delà de la sauvegarde de gisements d’emplois, par la capacité de ces entreprises à disposer de parts de marché en Algérie et à l’étranger. Elles l’ont déjà prouvé.
Dans le même ordre d’idées, on observe que certains investisseurs étrangers mettent à profit cette “pause” pour se préparer à la reprise annoncée, à l’instar de Lafarge et de son associé algérien qui réhabilitent les installations la cimenterie de Meftah et d’ArcelorMittal qui procède à une maintenance lourde ou au remplacement de sa cokerie d’El-Hadjar. En revanche, on ne peut être que plus nuancé s’agissant de Fertial détenue depuis août 2005 à hauteur de deux tiers par le groupe espagnol d’engrais Vilar Mir. Ainsi, les explications données par son nouveau président Jorge Requena Lavergne pour justifier les retards des investissements prévus dans le pacte des actionnaires — même s’il juge “le bilan du partenariat positif pour les deux parties” — ne sont que partiellement convaincantes.
Arguer par exemple des lenteurs dues à la direction des mines pour homologuer les appareils à pression et à vapeur (APV) et à celles du CTC pour approuver les plans et notes de calcul de génie civil n’est pas opposable au tiers. S’agissant du secteur des hydrocarbures, la Sonatrach avait annoncé la couleur dès le début de la crise en prenant le risque de maintenir son programme d’investissements en amont et aval.
Premier résultat du pari : elle reconstitue une partie de ses réserves et de sa production gazières avec ses “nouveaux” partenaires non majoritaires. Respectivement 1,6 milliard m3/an avec Total (37,5%) et Cepsa (11,25%) pour le projet gazier de Timimoun et 4,5 milliards de m3/an avec GDF Suez pour le projet gazier de Touat dans le sud-ouest algérien.
Cela représentera une production supplémentaire commercialisable de 6,1 milliards de m3/an à partir de 2013 sans compter celle de Gassi Touil. En attendant, les résultats du second appel d’offres d’exploration et d’exploitation, voilà de quoi rassurer ceux qui disaient qu’il n’y avait plus rien à découvrir et même les autres.
Par : Mustapha Mekideche
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