L’Afrique est à la croisée des chemins en raison de son ambition immense et de la réalité de sa situation politique, sociale et économique. La paix s’impose ainsi comme le défi majeur du continent avant de pouvoir mettre le cap sur le développement et l’intégration économiques et sociales, l’harmonisation de ses régimes budgétaires et fiscaux.
Quant à l’unité politique, elle reste un objectif stratégique mais lointain. L’Union européenne qui a plus cinquante ans d’âge et qui a atteint des degrés d’intégration importants, n’arrive toujours pas à se doter d’une politique étrangère commune, encore moins d’une armée unique.
Si en Europe, où le souverainisme est en net recul, notamment chez les citoyens européens, les résistances nationalistes ont sapé le projet de la Constitution européenne, qu’en est-il en Afrique où l’Etat nation reste à construire et à consolider dans certaines régions du continent ? C’est à ce titre que l’idée des «Etats-Unis d’Afrique» demeure sinon une chimère à court et moyen termes, du moins un rêve qui nécessite des fondements solides à édifier sur des facteurs objectifs d’intérêts communautaires sérieux qui transcendent les lubies personnelles, pour intégrer tous les paramètres sociopolitiques, économiques, culturels, linguistiques, ethniques qui font de l’Afrique une mosaïque d’une diversité aussi enrichissante que divergente.
Il s’agit donc de se donner les moyens de faire converger toutes ces variétés et toute cette diversité qui, pour l’heure, nourrissent des conflits dans différentes régions d’Afrique. Des Africains d’un même pays ne s’acceptent encore et n’arrivent pas à cohabiter dans le même espace politique et social parce qu’ils ne sont pas de la même ethnie, ne parlent pas la même langue, ne bénéficient pas des mêmes avantages socioéconomiques…
Si l’Europe a dépassé ses contractions c’est parce qu’elle a décidé, avant de s’unir politiquement sous la même bannière, de se développer comme un seul pays. Certes, les circonstances historiques et les cheminements ayant conduit à l’Europe des six, puis des douze, puis des quinze puis des vingt-sept sont totalement différents de ceux de l’Afrique.
L’Afrique n’a jamais été colonialiste, n’a jamais pillé un autre continent pour réussir une accumulation primitive des richesses avant de la fructifier dans un processus de développement propre. Cependant, l’Afrique dispose de richesse propre et n’a nullement besoin de suivre le même cheminement que celui des ex-puissances coloniales.
La théorie du développement inégal et combiné est valable surtout pour l’Afrique dont le véritable butin des guerres d’indépendance demeure sa capacité d’adaptation aux mutations qui lui ont été imposées et dont elle peut tirer profit. L’Afrique dispose, au-delà de ses richesses naturelles incommensurables, d’un potentiel humain aussi important qui demeure l’atout majeur du continent pour réaliser ses objectifs de paix, de stabilité et pour engager un processus de développement économique et social pour une réelle renaissance.
Abdelkrim Ghezali
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