samedi 29 août 2009

Déphasage

C’est peut-être grâce au Wahey (Saint Esprit) que notre ministre des Affaires religieuses disait, pour ceux qui veulent l’entendre qu’en Algérie il n’y a pas de pauvres. Dérobade inexpliquée d’un ministre de la République, dans la mesure où, ce n’est un secret pour personne, que des milliers, voire des millions d’Algériens vivent au-dessous du seuil de la pauvreté.

L’étrange sortie de Ghlamellah vient ainsi contredire toute la politique du gouvernement dans la mesure où tout un ministère est créé justement pour venir en aide à ces pauvres que notre ministre ne veut apparemment pas voir. Les chiffres donnés par les médias sont une constatation quotidienne de l’amère réalité que Ghlemallah balaie d’un revers de la main sur l’antenne de la Radio nationale.

Il suffit de faire un tour dans les restos Rahma pour comprendre que la sortie de Ghlamellah est non seulement farfelue, mais prête à suspicion. Il suffit juste de sortir dans les grands boulevards de la capitale, et que dire des villes de l’intérieur, pour rencontrer ces centaines d’Algériens, et même des familles complètes faisant la manche.


Alors comment expliquer que d’un côté le ministère de la Solidarité de Ould Abbès tente de déployer ses "efforts" en direction des millions d’Algériens vivant dans la pauvreté, et de l’autre coté le ministre du Culte nie l’existence de la disette ? Un fait surprenant, mais il renseigne sur la déconnexion de notre ministre de la réalité de son pays.

Ghlamellah a peut-être raison ! Lui, qui est ministre depuis plusieurs années, n’a jamais côtoyé ce monde de pauvres. Ce monde de pauvres qu’il ne connaît pas est cet espace auquel il nie même l’existence.

Justifier l’inexistence de la pauvreté par ces estivants qui se rendent en Tunisie est aussi scandaleux que le fait de la nier. Combien sont-ils ces vacanciers qui se rendent en Tunisie et combien sont-ils ceux qui se noient dans les rivières à défaut de quelques centaines de dinars pour se rendre dans nos plages? Autant de questionnements qui peuvent être posés à Ghlamellah, lui qui ne veut voir que cette frange aisée de la société, si, se rendre en Tunisie est un grade de classe sociale.

Le malheur des harraga est une autre preuve, selon Ghlamellah. Sait-il au moins que ces harraga bravant quotidiennement les océans sont à la recherche d’une vie meilleure ? Sait-il au moins que c’est la pauvreté qui les poussent à ces périlleuses aventures ? Sait-il aussi que les vols quotidiens ne justifient en rien ces propos, à moins qu’il souhaite que tous nos avions restent au sol pour accepter l’existence de la pauvreté ?

Etrange sortie d’un personnage censé réguler la vie de culte dans son pays au lieu de s’enliser avec des propos surréalistes. Et s’il voulait dire que la pauvreté est une volonté de Dieu ?

Mohamed Mouloudj

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