mardi 3 novembre 2009

L’acrobate

Sans verser dans des conclusions hâtives, à diagnostiquer ce que l’actualité nous livre comme dissidences et tensions dans toute la mouvance, il ressort sans conteste que le mouvement islamiste politique en Algérie donne de sérieux signes d’essoufflement. Même si de nouvelles figures émergent, à l’instar de Fateh Rebai, Djahid Younsi ou Djamel Benabdeslam, les leaders actuels, suivis ou honnis, restent Soltani et Djaballah.

Ce dernier, même si l’information était dans l’air après ses multiples et infructueuses démarches pour se réinstaller dans sa famille politique naturelle, a annoncé sa demande d’agrément pour un nouveau parti. Djaballah, vieux routier de la politique, depuis son parcours d’agitateur à l’université jusqu’à sa position de leader d’Ennahda en passant par les appels du pied restés vains du Fis, a toujours eu un parcours atypique.

Indéniable orateur et harangueur de foules, il tient cette aura de son apparente, donc trompeuse, douceur et de son caractère (toujours apparemment) affable, le tout sur fond d’intransigeance pour tout ce qui tient à ses convictions profondes devant déboucher sur l’érection d’un Etat islamique, et seulement ça.

Relativement jeune (chez nous, on l’est à plus de cinquante ans, en politique), il se meut et louvoie entre les crises comme un vieux briscard, choisissant la tactique qu’il faut face à l’adversaire qu’il faut et déployant des trésors d’imagination en matière de travail de coulisses pour broyer toute velléité de scission partisane, vertus qui bien sûr ne lui ont pas toujours réussi.

Ce pourquoi il en est là, en hère politique à tenter de se remettre sur une rampe de lancement. Ses indéniables qualités politiciennes en font un homme imprévisible qui, tel un acrobate, retombe toujours sur ses pieds. Mais, agrément ou pas, il reste marqué par son talon d’Achille : Djaballah n’est jamais arrivé et n’arrivera pas à fédérer autour de lui.

N.S.

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