L'obamania est-elle en train de se dégonfler comme un ballon de baudruche ? Les espoirs suscités par le discours du 47e président des Etats-Unis au Caire ne font plus vague dans les eaux du Nil.
La main qui brûle d'Obama n'était pas ce fantasme d'une chronique matinale mais bien le signe de revers diplomatiques que l'Amérique post-Bush allait collectionner à ne plus savoir où cacher ses nus.
Désillusion dans la rue arabe, dans les colonnes de sa presse et dans les salons que fréquente son élite politique. Il aurait suffi, pourtant, de s'intéresser à l'indestructibilité de l'alliance israélo-américaine, reprise par l'invité de marque de l'Egypte, pour se rendre compte qu'une évidence n'est pas de nature à produire quelconque miracle. Cette semaine, c'est Hillary Clinton qui revient rendre visite à Hosni Moubarak.
Nécessairement, il y aura foule et bousculade à sa descente d'avion. Des officiels, des journalistes et des micros pour enregistrer ses premières déclarations… à froid, avec un monde arabo-musulman, habitué aux changements dans la continuité.
Au risque de la rendre folle de rage, la question qui fâche sans tuer va lui être quand même posée : les colonies israéliennes sont-elles légitimes ? Parce que la diplomatie qu'elle pratique veut qu'elle ne réponde pas par oui ou par non, Mme Clinton n'aurait nul choix qu'à s'improviser équilibriste. Difficile de se tenir au juste milieu quand ses prises de position à Tel-Aviv sont aux antipodes de celles qu'elle reniera le lendemain dans les palais de Rabat.
Aux mains des démocrates, l'Amérique aurait préféré une autre offre que propose Benjamin Netanyahou. Soit, une reprise du processus de négociations de paix palestino-israélien avec gel préalable de la colonisation.
Mais comme «Bibi» ne peut pas décevoir les membres de sa coalition gouvernementale, c'est aux Palestiniens de prendre ou à laisser ce que la sacro-sainte alliance américano-israélienne cherche à imposer à travers le club des modérés dont l'Egypte fait partie.
Hosni Moubarak aura fort à faire pour convaincre les caciques du Fatah de revenir à la table des négociations et les islamistes du Hamas de participer aux prochaines législatives.
Car, ce que l'Amérique d'Obama aurait préféré n'est plus ce caprice des dieux qu'il faut impérativement servir au moment du dessert. Aussi bien au Proche-Orient qu'au Moyen-Orient, où les modérés et les durs ont appris eux aussi à chanter Alléloua en chœur.
Des Palestiniens qui se refusent à présent à l'infime concession, des Turcs qui regardent ailleurs qu'en direction de l'Occident, des Iraniens qui choisissent de garder leurs stocks d'uranium à l'abri, des Syriens qui se tiennent à distance du Cèdre qui ne brûle plus comme avant… Autant de signes probants que l'obamania du début de mandat s'amuserait à faire pshttttt…, partout.
Egalement en Afghanistan où l'initiation à la démocratie, qu'importaient les Républicains US dans leurs bagages, ravit déjà les caricaturistes de la presse mondiale.
Ils vont nous faire plier de rire avec un Hamid Karzaï qui n'a eu besoin ni d'urnes, ni de fraude, ni de rival pour être réélu. Avec des dirigeants occidentaux qu'on ne sait plus s'ils rient ou s'ils sourcillent au moment de féliciter leur «poulain».
En guise de récompense, Barack Obama et ses alliés de l'Otan lui enverront-ils des militaires en plus ? Ni Mme Clinton ni Benjamin Netanyahou n'aimerait les voir au long de l'amovible ligne verte.
Par Anis Djaad
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