S'il est vrai que ce débat sur l'identité nationale en France n'était pas très attendu en raison de sa nature a priori d'un autre temps, il est quand même curieux que les réactions les plus véhémentes qu'il a suscitées aient toutes, ou presque, enfourché l'argument de son opportunisme électoral.
On pensait que les voix de l'indignation intellectuelle allaient être plus audibles que celles des oppositions politiques qui, en l'occurrence, ne font que leur «travail». voilà que c'est l'extrême droite et quelques socialistes bien en vue qui montent au créneau.
Et pour les mêmes raisons ! Le Front national, installé depuis longtemps dans sa certitude que les questions identitaires dont il use comme instrument d'exclusion «utile» sont sa chasse gardée, revient à l'occasion pour dénoncer une «escroquerie électorale» visant à chasser encore sur ses terrains dans la perspective du scrutin régional tout proche.
Entre Marine Le Pen et la majorité aux affaires, les choses ont le mérite de la clarté.A la vice-présidente du Front national qui s'insurge contre une opération médiatique du président de la République pour conserver l'électorat frontiste qui s'était rallié à sa candidature en 2007 mais paraît désormais tenté de renouer avec le parti d'extrême droite, Eric Besson répond qu'il «se fiche de ce que dit Madame Lepen parce que ce débat ne lui appartient pas mais appartient à tous les français». ça se passe de commentaire.
Ce n'est pas le cas à gauche où, même si on y voit les mêmes «manœuvres électoralistes», on ne pense pas moins. Mais de ce côté-ci, l'embarras est visible.
La gauche socialiste veut bien réduire ce débat à ce qu'elle aurait souhaité qu'il soit, mais en même temps, il n'est pas question pour elle de s'exclure d'une discussion qui, si anachronique qu'elle soit, est loin d'être rejetée a priori par l'opinion, puisque 60% des français se disent favorables à l'initiative.
Il est d'ailleurs révélateur que les seuls à réagir dans des termes plus philosophiques à la question soient des ministres venus d'autres horizons que la majorité.
Ainsi, Martin Hirsch, issu du mouvement associatif humanitaire, considère que ce débat est 100% politique et que la France n'avait pas de problème d'identité et Bernard Kouchner, un socialiste en rupture de banc dit se «méfier des débats théoriques et que l'avenir de son pays était dans l'Europe».
Entre la clarté d'une motivation et le malaise intellectuel, il reste sûrement des voix dont le silence est assourdissant.
Slimane Laouari
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