Le ministre de l’Education nationale, Boubekeur Benbouzid, s’attaque à la direction générale de la Fonction publique en l’accusant de bloquer les recrutements. Le ministère des Travaux publics s’en remet à la police judiciaire à propos des dépassements de la Sonelgaz et de la Seaal. La «grippe bureaucratique» n’a pas épargné la Sntf qui explique les retards de certains de ses chantiers par des contraintes administratives.
A son tour, la Sonelgaz, par la voix de son président-directeur général, Noureddine Bouterfa, confie qu’elle souffre de la bureaucratie locale. On aurait fait la sourde oreille, au besoin, on aurait même sollicité le fameux sésame de «la main de l’étranger» si ces critiques venaient d’un quelconque investisseur ou d’une entreprise étrangère. Mais là, la complainte vient de l’intérieur du pays et de la part d’entreprises publiques et par-dessus tout stratégiques.
Quand des mastodontes de l’envergure de la Sonelgaz et de la Sntf plient le genou devant le mur invisible de la bureaucratie typiquement de chez nous, il y a de quoi s’inquiéter même en ressuscitant Don Quichotte. De cette bureaucratie, on n’en connaît que les manifestations, c’est-à-dire les résultats finaux, souvent dévastateurs. Le reste du phénomène est incolore, inodore et invisible, c’est du vent.
Que dira le simple citoyen face à une pareille machine destructrice quand des entreprises avec leurs structures, leur armée de fonctionnaires et leurs budgets, des P-DG avec leurs conseillers et leurs avocats en pâtissent? Il ne restera pas beaucoup de solutions au citoyen pour se plaindre: la démission totale, la résignation, la rue ou tourner le dos au pays, c’est-à-dire la harga. Selon les tranches d’âge, les Algériens ont recours alors à ces trois modes d’action en attendant de réinventer une nouvelle façon de faire.
On assiste alors à des manifestations de citoyens qui ferment des rues, des APC et des daïras et parfois même à des émeutes. Souvent on laisse faire, c’est une soupape, il faut bien que le citoyen respire, se défoule. Mais à force d’ouvrir les soupapes, on risque d’actionner le moteur des révoltes par effet d’entraînement. On comptabilise chaque jour que Dieu fait des vagues de jeunes et parfois même de vieux qui affrontent les dangers de la mer dans l’espoir d’aller vivre sous des cieux plus cléments.
Et pour les moins téméraires, c’est la résignation. Cette résignation est telle que parfois elle se confond avec démission. On ne s’émeut plus devant des scandales financiers et la dilapidation des richesses du pays. Chaque jour, les manchettes des quotidiens font état d’actes de corruption et de détournement de centaines de milliards de dinars. Dieu, protège-nous de la bureaucratie et la corruption on s’en accommode.
Brahim TAKHEROUBT
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