mercredi 4 novembre 2009

Hors-jeu

L’entretien téléphonique qu’ont eu lundi les deux chefs de la diplomatie algérienne et égyptienne, MM. Mourad Medelci et son homologue Ahmed Abou El Gheit, est passé presque inaperçu. Il fut présenté comme un contact ordinaire, de routine entrant dans le cadre des relations de coopération entre les deux pays.

A l’issue de leur entretien axé essentiellement sur le match Algérie-Egypte, prévu le 14 novembre, et entrant dans le cadre de la qualification au prochain Mondial en Afrique du Sud, les deux chefs des diplomaties des deux pays ont mis l’accent sur « le caractère sportif et fraternel » de ce derby tout en appelant « à préserver et à renforcer les liens fraternels et historiques ainsi que les intérêts communs et les relations privilégiées qui unissent l’Algérie et l’Egypte ». Des assurances furent données à M. Medelci en vue de garantir toutes les conditions de sécurité et de séjour aux supporters et à la délégation sportive algérienne qui se déplaceront au Caire. Ce genre de procédé qui voit un match de football déborder de son cadre naturel – le sport – pour prendre des contours politiques est plutôt rare dans les annales du sport.

Des matchs décisifs, au même stade de la compétition et avec le même enjeu, engageant de grandes nations de football, se sont déroulés dans un cadre strictement sportif, dans un fair-play exemplaire et loin de cette pression psychologique digne des expéditions guerrières entretenue par des déclarations de responsables de la Fédération égyptienne de football et par certains médias de ce pays.

Une pression qui nourrit de légitimes inquiétudes au sein des supporters des Verts et du staff technique de l’équipe nationale et d’une manière générale de l’opinion algérienne. Les forces en présence sont tellement inégales – 2000 fans de l’équipe nationale contre 80 000 supporters de l’équipe égyptienne auxquels il faudra ajouter toute la pression de l’environnement, la rue égyptienne et les médias survoltés – qu’il n’y a aucune raison objective de craindre des débordements du côté algérien.

Si d’aventure cette rencontre venait à déraper et que des comportements contraires à l’éthique sportive et aux règlements de la FIFA sont enregistrés avant, pendant et après le match, non seulement les instances sportives internationales devraient en tirer toutes les conséquences tel que prévu par les textes et règlements de la Fédération internationale de football, mais au-delà, la responsabilité première incombera aux autorités égyptiennes pour n’avoir pas été à la hauteur de l’événement. Pour avoir laissé faire, tiré les ficelles dans l’ombre ou, hypothèse saugrenue, en se montrant incapables d’assurer les conditions requises pour encadrer cette rencontre.

Connaissant la toute puissance du régime égyptien qui règne d’une main de fer sur le pays, on a du mal à imaginer qu’il ne puisse pas gérer un match de football alors qu’il fait la démonstration au quotidien de sa capacité à faire face à des mouvements de contestation sociaux et politiques autrement plus sensibles.

Hosni Moubarak qui s’apprête à transmettre le flambeau à son fils a un besoin pressant de la qualification au Mondial de l’Egypte qui sera versé au bilan de son règne, lequel, le moins que l’on puisse dire, n’a pas été jalonné que par des succès. Alors que peuvent valoir dans ce contexte les assurances données par la partie égyptienne ? Un coup pas aussi franc que cela !

Par Omar Berbiche

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire