Les clivages politiques risquent de constituer un obstacle pour toute initiative de rapprochement entre les deux parties.
Après l’effritement, les islamistes cherchent à se réunifier. Dans cette logique émergent d’ores et déjà deux mouvements. Il s’agit du Mouvement pour la prédication et le changement (MPC) de M.Abdelmadjid Menasra et de la nouvelle formation en gestation de M.Abdallah Djaballah. Ces derniers jours, les deux hommes ont été aperçus ensemble. Alors, simples rencontres ou tractations en vue d’une alliance?
Joint hier par téléphone, M.Aziz Mansour, membre du MPC, a déclaré: «Nous sommes prêts à travailler avec toute formation portant un projet national fiable.» Ainsi, le responsable du MPC n’a pas exclu l’éventualité d’un rapprochement entre les deux parties. Pour plus d’éclaircissements, nos multiples tentatives de joindre M.Abdelmadjid Menasra, membre du MPC, sont restées vaines. Pour rappel, ces groupes sont le résultat de deux fractures. Le premier est né d’une scission au sein du Mouvement pour la société et la paix (MSP). Le second a repris à son compte les structures de la branche «historique d’El Islah». Issu d’une division au sein du mouvement En Nahda, le mouvement El Islah s’est à son tour scindé en deux tendances.
La première, conduite par M.Djahid Younsi, a suivi une logique participationniste aux échéances électorales. Laquelle logique a montré l’étendue de l’opposition entre les deux parties. Celle de M.Djahid Younsi reconnue par l’Administration. Et celle de M.Abdallah Djaballah se prévalant d’une légitimité historique. L’illustration est donnée lors des présidentielles précédentes. D’un côté M.Djahid Younsi a participé à l’échéance. Durant sa campagne électorale, ce dernier avait soutenu que «le changement» ne pouvait venir que par l’urne. De l’autre, M.Djaballah avait qualifié l’élection de «mascarade». Pour lui, le changement ne pouvait venir que par «l’unification des forces vives de la nation». L’unification, voici le mot d’ordre qui revient comme un leitmotiv chez les dirigeants islamistes. Ces derniers temps, les appels se sont multipliés dans ce sens. Le dernier en date est celui lancé par Abdallah Djaballah.
Dans une conférence animée, lundi à Alger, le chef islamiste avait déclaré sa préférence pour un pole islamiste unifié. A la lumière de ces données, ce dernier avait précisé que «le processus de la réunification du Mouvement En Nahda n’est que suspendu». Ces derniers mois, les partisans de M.Djaballah et la direction actuelle d’En Nahda ont mené des tractations intenses en vue de réunifier les rangs du mouvement. Ces tractations se sont soldées par la mise en place d’une commission mixte. Comprenant 5 membres de chaque partie, cette commission a travaillé sur trois sujets: la plate-forme politique, les statuts et les modalités de l’organisation d’un congrès. Seulement, le processus a connu un temps d’arrêt. «La direction actuelle d’En Nahda veut garder la mouture actuelle des statuts». avait déclaré M.Djaballah. Cela dit, le chef islamiste a précisé que le processus des négociations n’était pas interrompu. Se voulant rassembleur, M.Djaballah a annoncé la création d’un nouveau parti politique pour fin décembre prochain. Selon son initiateur, cette formation politique serait ouverte à des tendances autres que le courant islamiste. Doucement mais sûrement, l’opposant islamiste avance sur l’échiquier politique.
En l’absence d’un pôle démocratique, M.Djaballah propose une alternative islamiste «ouverte». Une telle probabilité n’est pas à écarter. D’autant plus que M.Djaballah évolue sur un terrain qu’il connaît. Pour rappel, ce dernier a été le fondateur du mouvement En Nahda.
En connaissance de cause, M.Djaballah qualifie de «socle sur lequel s’est fait l’éveil islamique». Une division au sein de ce mouvement a amené le chef islamiste à fonder El Islah. Une nouvelle fois, il se retrouve sur le fil du rasoir. El Islah est fractionné en deux branches. M.Djahid Younsi conduit l’aile légaliste. «Les historiques», quant à eux, restent fidèles à M.Djaballah. A partir de ses structures, ce dernier veut créer un nouveau parti politique.
Pour faire peau neuve, le vieux briscard avance une nouvelle donne: la fédération des courants de l’opposition sous la bannière islamiste. C’est dire que la scène politique risque de s’animer durant les jours à venir. Une question: le courant islamiste est-il capable de dépasser les clivages politiques qui le minent?
Mohamed Sadek LOUCIF
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