mercredi 4 novembre 2009

Hommes au miroir des médias

Je l’avais bien écrit un jour: on ne retient du portrait de quelqu’un que ce que l’on veut retenir et en général que les traits qui conviennent à l’appréciation, à la sympathie ou à l’idée que l’on se fait du sujet. Il est vrai que la subjectivité joue un rôle important dans la lecture de l’image d’un personnage, surtout si le personnage en question a une dimension historique, que cela soit du point de vue politique, littéraire ou artistique.

Or, un portrait est non seulement en pleins et déliés, mais aussi il offre des zones éclairées, un large front qui renvoie la lumière ou des zones d’ombre sur un profil en contre-jour. C’est dire combien est important le point de vue où l’on se trouve. La célébration d’un anniversaire historique comme le Premier Novembre est l’occasion pour la plupart des médias de sortir de leurs tiroirs le portrait d’un héros méconnu ou oublié. Il faut dire que la galerie de personnages attachants est impressionnante.

Cependant, quand on veut restituer le parcours d’un homme, qu’il soit politique ou autre, il faut en saisir toutes les étapes. Quand c’est un homme qui a fait partie des équipes officielles dirigeantes, il est facile d’en cerner les contours: les pages des journaux, les séquences JT ou d’émissions TV, les brochures émises par certaines institutions officielles sont d’une aide conséquente.

Mais quand il s’agit d’une personnalité qui s’est toujours retranchée dans une réserve à cause de sa modestie et de son humilité, la tâche est un peu plus ardue: c’est le cas de certaines personnalités comme Mostefa Lacheraf, Bachir Hadj-Ali et Ali Zamoum. Chacun de ces trois personnages a eu un destin particulier face aux médias officiels: si le premier a eu une production littéraire notable, il s’est montré toujours méfiant envers les médias bien qu’il ait occupé des fonctions officielles. Le deuxième a été complètement boycotté et il est devenu un acteur marginal, inconnu de la grande majorité du public.

Quant à Ali Zamoum, il n’a pas eu de chance du tout malgré les postes officiels importants qu’il a assumés. Né dans la maison du 1er Novembre 1954 à Ighil Imoula en 33, il s’engagea très jeune au côté de son frère dans le Mouvement nationaliste. Il fut fait prisonnier en février 1955 et connut les geôles françaises. Ayant contracté la tuberculose, il fut longtemps soigné à l’hôpital en France où il entra en contact avec des Français de France.

Après le cessez-le-feu, il devint l’adjoint du colonel Mohand Oulhadj qu’il quittera pour une raison qu’il explique dans son autobiographie: Thamourth Imazighen. Nommé préfet de Tizi Ouzou, il démissionnera lors des affrontements fratricides de 63-64. Il sera nommé ensuite directeur du complexe textile de Draâ Ben Khedda où il laissera un souvenir indélébile chez des travailleurs qui le considéraient comme un frère. D’ailleurs, ne conseillera-t-il pas aux futures victimes de la «restructuration», de créer une section syndicale pour défendre leurs intérêts. Un directeur de ce calibre ne peut avoir que des ennuis avec son ministre de l’Industrie.

C’est ainsi que Mohamed Saïd Mazouzi s’empressa d’exploiter ses qualités humaines et son désintéressement dans un des départements du ministère du Travail et des Affaires sociales. On connaît le rôle qu’il joua dans la carrière du théâtre de Kateb Yacine. Le portrait serait complet si l’Entv avait pu conserver le film entamé par Bouamari.

Selim M’SILI

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