Quatre ados comparaissent pour vol. Ils ont été arrêtés, car deux ans auparavant, ils avaient volé, puis repentis, avaient restitué le butin... L’avocat en défenseur affûté, a plus d’une flèche à son arc. Ils ont respectivement vingt-et-un, dix-neuf et dix-huit ans. Trois d’entre les inculpés étaient mineurs lorsqu’ils avaient, d’un commun accord, entrepris d’effectuer un vol chez un voisin. Un autre les avait formellement reconnus. II y a eu tractations, négociations, tiraillements, puis accord. La victime avait passé l’éponge. Cependant, ils avaient au-dessus de leurs têtes une épée de Damoclès, en la personne de Abdelhamid M., le gardien de la villa au moment des faits.
Quatre semestres plus tard, la villa déjà visitée, a été entièrement vidée et le qualificatif n’est pas trop fort. Il se trouve que les enquêteurs aient posé des questions. Abdelhamid M., lui, n’a jamais oublié le fameux vol, une fameuse nuit dans la fameuse villa et le fameux accord de motus et bouche cousue. Il est vrai qu’il n’a jamais oublié l’an 2000, au moment où ces mineurs avaient commis un vol et payé cher...
«Je n’ai pas vendu la mèche. J’ai simplement raconté les faits, aux policiers lesquels, ont conclu par l’interpellation de la petite bande de copains», raconte l’ex-gardien. L’un des prévenus avoue qu’il avait effectivement des choses à reprocher mais en 2000, pas huit ans plus tard et quelques mois.
Mme la présidente écoute sereinement tout ce beau monde. Ses questions ne contiennent aucun piège. Elle s’amuse en racontant le «déménagement» de la villa.
Elle s’est tout de même félicitée que le larcin de 1997 ne soit pas passé par les gendarmes, le procureur, le juge d’instruction, la prison et le box. «Mais le deuxième ou plutôt le second vol a eu lieu sans effraction. Qui a bien pu faire le double des clés des portes de la villa?», marmonne le juge sérieusement troublée par le mystère.
Debout, le représentant du ministère public joue à qui, perd-gagne. II n’a aucun élément matériel concret, là, juste devant lui, pour requérir sévèrement. Alors, il joue la colère devant ces bandits en herbe qu’il faudra mettre à l’ombre un bout de temps. «Cinq ans d’emprisonnement ferme et c’est bien payé», rumine-t-il, les sourcils en accent circonflexe.
Lui succédant, descendant des hauteurs de la ville des Roses, Maître Djillali Hamani, l’ex-redoutable magistrat des années 70/90, devenu, après sa retraite, avocat, sort son arme secrète: «Mme la présidente, mes clients étaient mineurs au moment du vol qu’ils avaient réellement commis. Et puis, a-t-on une seule preuve qu’ils sont les auteurs du second vol de la villa?», fredonne le défenseur qui réclame la relaxe au bénéfice du doute.
Mme la juge ne perd pas son temps. Elle a compris que ces jeunes étaient innocents et ils devaient rentrer chez eux de suite. Ce fut chose faite, juste après le bon verdict, en l’occurrence une relaxe au bénéfice du doute.
Abdellatif TOUALBIA
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