lundi 28 septembre 2009

Ksentini, un maboul ?

Le 31 octobre 2004, Bouteflika évoquait publiquement l’éventualité d’une amnistie générale. Devançant les réactions des «pour» et des «contre», il tranchait : «quels que soit les avis des uns et des autres sur la question de l’amnistie générale, celle-ci doit être tranchée par le peuple.» L’autre condition mise est que tout le monde remette ses armes et rentre dans les rangs.

En juin dernier, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ralliait la position de la présidence, tout en qualifiant le débat autour du projet d’«ésotérique». Au début du mois en cours, Yazid Zerhouni, le ministre de l’Intérieur, avouait en revanche que l’amnistie générale ne figurait pas dans l’agenda du gouvernement et ne faisait pas actuellement partie des préoccupations du pouvoir. Une déclaration qui venait comme une réponse aux propos de Farouk Ksentini relançant l’idée à travers la presse.

Mais voilà que Ksentini récidive sans trop temporiser. Et cette fois, il le fait en tant qu’invité du Forum d’El Moudjahid, le canard qui passe pour être plus officiel que le JORADP. Sa déclaration a été copieusement reprise par l’APS, dont Bouteflika s’était autoproclamé lors d’une boutade télévisée comme le «redchef». Ksentini serait-il vraiment ce casse-cou qui n’hésite pas à contrarier allégrement le Premier ministre et le premier flic du pays ? Et qui semble même avoir du plaisir à le faire ?

Chez El Moudjahid, Ksentini s’amusa à enfoncer le clou : l’amnistie générale dépend du Président et de personne d’autre et elle est «inévitable». Si quelqu’un a une autre solution pour ramener la paix et la stabilité en Algérie, qu’il la ramène vite, disait le général Mohamed Attaïlia.

Lancé au début du millénaire, le défi reste de rigueur. Attaïlia s’était personnellement dévoué, en dépit des risques à l’époque, à tarir par la négociation les maquis de Médéa. Ce qui rappelle le cas de «Phébus et Borée» lorsque l’insistance du soleil s’avéra plus payante que la violence du vent, dans les fables de Lafontaine. Parce qu’il n’y a pas d’autre solution et qu’il y va de l’intérêt national, Bouteflika se montre prêt à amnistier les gens qui entendaient le… tuer. Pour peu qu’ils jouent le jeu ! Y a-t-il plus noble ?

Par Mohamed Zaâf

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