mercredi 11 novembre 2009

Réunifications

Dieudonné en sait quelque chose, lui, quand il dénonçait la «pornographie commémorative» que le lobby sioniste pratiquait pour frapper les esprits sur l’horreur de l’Holocauste: la répétition sans fin des cérémonies, l’évocation du moindre événement lié à la Shoah, la convocation de témoins sur tous les supports des médias et enfin l’exagération des chiffres. Tout cela avait deux buts: «Plus jamais ça!» disent les organisateurs des rituels commémoratifs et «fonds de commerce» pour justifier la spoliation des terres palestiniennes, disent les autres.

Toujours est-il que les éléments qui font la qualité d’un message de propagande sont la mise en scène et la répétition à outrance, afin que le message pénètre dans les replis de l’inconscient du sujet le plus hermétique. Il serait superflu de revenir sur les artifices employés par les organisateurs de psychodrames réalisés pour apitoyer le spectateur, l’opportunisme machiavélique qui consiste à exploiter le moindre fait divers pour attirer l’attention des spectateurs sur les éternelles victimes de la barbarie humaine...«Ils» ont réussi à masquer une injustice criante et actuelle par une autre injustice plus ancienne.

Cette leçon de communication qui, est liée aux régimes totalitaires: défilés grandioses, grandes messes publiques, déploiement de foules nombreuses, semble être retenue par le gouvernement allemand, qui depuis des semaines et des semaines, préparait la célébration du vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin. Il faut comprendre la joie des nationalistes allemands pour célébrer la fin d’un symbole qui portait atteinte à l’unité des peuples qui avaient mis des siècles pour réaliser cette unité. Faut-il rappeler qu’il a fallu toute l’agressivité d’un Etat militariste comme la Prusse et la détermination d’un Bismarck pour réaliser l’unité des peuples germaniques.

Cependant, il faut aussi mettre en compte les puissances de l’argent qui sont arrivées à terrasser l’ennemi mortel de l’exploitation et du profit: le socialisme. Depuis des semaines déjà, le petit écran était sollicité au fil des jours, sur les chaînes d’information ininterrompue comme sur les chaînes généralistes européennes sur ce grand événement: retours sans fin en arrière pour évoquer les causes qui ont poussé les autorités est-allemandes à ériger le mur, la solidarité occidentale pour surmonter l’isolement de Berlin-Ouest (pont aérien américain), description minutieuse de la topographie des lieux pour illustrer l’infranchissabilité d’une frontière marquée par de nombreux obstacles, énumération des nombreuses victimes qui ont essayé de la franchir, interviews de ceux qui ont réussi à passer à l’Ouest, visite de tous les lieux des nombreux drames qui ont marqué presque trois décennies de l’histoire allemande.

Arte est allée jusqu’à diffuser un documentaire à prétexte écologique: promenade d’un spécialiste de la nature sur le tracé de la frontière qui séparait les deux Allemagnes: visite des fameux tunnels qui servaient à la Stasi (police politique est-allemande) pour ses diverses opérations. Les interviews des différentes victimes de cette police sont fort nombreuses et de nature à diaboliser celle-ci. L’Allemagne de l’Est était un enfer! Des photos en noir et blanc pour marquer l’austérité du régime socialiste, mise en relief des pénuries qui sévissaient et des nombreux «trucs» qu’ employaient les petits trafiquants qui «faisaient le mur» dans le sens contraire.

On ridiculise à l’extrême la modestie des réalisations du régime socialiste en exhibant «la Trabant», cette voiture qui, à elle seule, symbolisait le bilan d’un régime (les commentateurs oublient de dire, qu’une firme allemande va ressortir une nouvelle voiture avec le profil de celle qui a duré presque autant que la «Coccinelle», la voiture du peuple). Il ne faut pas oublier aussi les nombreuses séquences relatant la censure multiforme qui frappait toutes formes d’expression. La chute du mur donna lieu, elle aussi, à autant de témoignages délirants: premières manifestations, anecdotes diverses liées aux journées précédant le rush final qui verra la matérialisation d’une brèche dans le mur.

Image répétée à l’envi des images de démolition sans fin du mur, distribution humiliante de marks pour satisfaire l’appétit de consommation d’une population frustrée, retrouvailles de familles séparées...Seuls deux témoins ont évoqué les maigres avantages du régime socialiste: plein-emploi et crèches. D’autres ont déploré le chômage qui frappa l’Allemagne de l’Est au lendemain de la réunification et l’écart qui existe encore entre les deux régions de l’Allemagne. «L’unification reste encore à faire», a déclaré Gorbatchev, invité à assister aux psychodrames de la chute sans fin du mur de Berlin.

Selim M’SILI

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