La plus belle des plaisanteries est toujours la plus courte. La sagesse populaire a parfaitement raison sur ce point. N’importe quelle histoire, à force de se répéter, finit immanquablement par lasser l’auditoire. Même dans la vie courante, on doit continuellement créer du nouveau pour ne pas s’ennuyer. Le mauvais feuilleton qui se poursuit interminablement entre le ministère de l’Education nationale et les syndicats autonomes est à ce propos franchement agaçant.
L’échange entre les deux parties en conflit n’a pas connu la moindre évolution depuis plus d’une décennie. Les enseignants recourent sans façon à la grève pour réclamer toujours plus d’argent. Çà parle invariablement d’augmentation de salaires, de primes en tout genre, d’effet rétroactif, de portefeuille et de consommation. La réplique de la tutelle est aussi invariable : recours à la justice, application de ponctions sur les salaires et menaces de sanctions administratives. Les parents d’élèves se cantonnent également dans le même silence indifférent et démissionnaire. La société civile fait comme si de rien n’était.
Les médias et la presse en font un sujet de seconde importance. Très peu de commentaires et de réflexions sont consacrés à cette question sensible qui a son incidence sur le moral de tout le monde. Il y a quelque chose de figé, d’inerte, une odeur de mort dans ce dialogue de sourds qui n’est pas aussi sans conséquences sur le cursus de millions d’écoliers. Loin de spéculer sur la justesse et la pertinence des revendications mises en avant par les grévistes, on évoque ici la crise d’imagination qui semble avoir complètement atteint toutes les parties concernées.
On aurait aimé que le mouvement enseignant fasse preuve d’un minimum de créativité en renouvelant épisodiquement ses mots d’ordre, ses slogans, ses méthodes de protestation et sa littérature. On a l’impression de relire invariablement les mêmes pamphlets fades et sans saveur. Les syndicalistes usent et abusent d’un discours décalé qui ne colle pas nécessairement à la réalité dans laquelle ils inscrivent leur action.
Aucune référence n’est faite aux moyens qu’ils comptent déployer pour rattraper le retard ainsi enregistré en matière de scolarité de leurs élèves. Ils n’accordent, pour ainsi dire, aucune importance à l’image de leur mouvement au sein de la société. Le département de Benbouzid ne se lasse pas, non plus, de ressasser les mêmes conclusions d’il y a 15 ans. La même rhétorique bureaucratique caractérise ses constantes prises de positions sur le sujet. On se refuse d’ouvrir un large débat public sur le dossier afin de mieux situer les responsabilités des uns et des autres.
Chaque jour que Dieu fait, on annonce de nouvelles directives et des orientations pédagogiques parfois contradictoires. Le tout enrôlé sous l’intitulé d’une réforme qui n’en finit pas de révéler toute sa substance. Le flou se trouve parfaitement entretenu. Les syndicats autonomes, tout comme le ministère de tutelle, sont manifestement en panne d’imagination.
Le secteur tout entier est en pleine crise. Les plus hautes autorités du pays sont appelées à prendre des mesures énergiques pour remédier en urgence à l’avarie. C’est l’avenir des générations montantes qui risque d’être sérieusement compromis si l’on continue à y aller de ce train. A défaut d’une telle opération de sauvetage, c’est le pourrissement assuré.
Par Kamel Amghar
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