8h du matin. Les yeux embués mais qui voient loin, l’Algérie s’éveille lentement avec un objectif, gagner un match à 4000 km du pays pour participer à une Coupe du monde à 12 000 km de là. Pour être champion du monde de toute la planète. 9h. Les premiers klaxons s’entendent, toute l’Algérie s’est habillée de son drapeau, grosse couverture chaude qui réchauffe les jours de froid, drap frais qui rafraîchit les jours de chaleur.
10h. L’Etat s’éveille doucement, une lueur d’inquiétude panique dans les yeux en ce jour où tout peut se retourner contre lui. Il tente de rassurer et de protester, coincé entre la nécessité d’appeler au calme pour éviter les dérapages et le devoir de défendre son pays agressé pour éviter de se décrédibiliser. 11h. Il va être midi. 12h. Du planton au chef de l’Etat, tout le monde se sent concerné et liquide ses devoirs pour être prêt pour le match.
Le président éteint son portable, les importateurs ajournent leur cargaison du port, les couples se séparent en se donnant rendez-vous pour après-demain, les voleurs suspendent leur vol, les politiques arrêtent de politiser. 13h.
Le ventre noué, les Algériens mangent, pour ceux qui ont à manger. 14h. Les Algériens font une sieste, pour ceux qui ont où dormir. 15h. Les forces de l’ordre prennent place avec un ordre : laisser le désordre en l’ordonnant, la limite étant à l’appréciation du client. 16h. Les derniers opposants rangent leur rage et leurs arguments et se préparent au choc final, battre les frères arabes pour pouvoir affronter les ennemis blancs.
17h. Il est 17h. 18h. Le match va commencer, les Algériens retiennent leur souffle comme les Américains de 1969 quand Neil Armstrong allait poser son pied droit sur la lune. 20h. Le match est terminé, l’Algérie n’a gagné ni perdu. Mais quoi exactement ?
Par Chawki Amari
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