dimanche 1 novembre 2009

Le message

Aujourd’hui est une journée de recueillement. Des jeunes Algériens dont la moyenne d’âge ne dépassait guère 25 ans ont tiré les premiers coups de feu pour marquer leur détermination et leur conviction que la seule façon qui restait après l’échec des politiques pour libérer l’Algérie du joug colonialiste était la lutte armée. L’histoire leur a donné raison. Après près de huit longues années de combat, de sacrifices, de souffrances, de larmes et de sang, l’indépendance put enfin être proclamée. Beaucoup de ces jeunes du 1er Novembre n’étaient plus de ce monde pour fêter l’événement.

Ils avaient donné leur vie pour que leurs concitoyens puissent enfin et après un siècle et demi d’oppression vivre libres. Ils savaient, dès le déclenchement de la lutte, qu’ils avaient peu de chances de rester vivants à la libération. Ils le savaient mais n’ont à aucun moment hésité à s’engager dans cette voie extrême. Ils avaient l’Algérie au coeur. Le patriotisme avait un sens pour eux qu’on retrouve difficilement parmi la Jeunesse aujourd’hui. Pourquoi? La réponse pourrait être aussi simple que de dire que les générations d’Algériens qui se sont succédé depuis l’Indépendance n’ont pas connu les mêmes et affreuses conditions de colonisés qu’eux.

N’ayant pas connu l’enfer imposé par l’envahisseur étranger à tous les enfants de ce pays, ceux qui ont leur âge aujourd’hui sont pour ainsi dire «nés avec une cuillère d’argent dans la bouche». Ils ignorent la faim, le froid et l’esclavage. Ils ignorent ce qu’être piétiné par l’étranger chez soi. D’être soumis par lui à l’esclavage. De n’avoir que des obligations. De ne pouvoir espérer aucun droit. Bref, ils n’ont pas les mêmes conditions de vie dans lesquelles ont vécu les jeunes du 1er Novembre 1954.

On ne peut pourtant pas leur en vouloir d’ignorer tout cela. On ne peut pas leur en vouloir d’ignorer ce pan de leur histoire pour la bonne raison que personne ne le leur a enseigné. Ils ne sont ni responsables ni coupables d’ignorance. Alors, quand M.Bouguerra Soltani, le leader du MSP, clame depuis Guelma où il était vendredi dernier que «la jeunesse doit s’armer des leçons de Novembre et prendre exemple sur les moudjahidine qui ont libéré la patrie du joug du colonialisme», on a l’impression qu’il s’attend à ce que ces «leçons de Novembre» leur tombent du ciel.

Il nous faut juste lui rappeler que son premier devoir et celui de son parti, comme celui d’ailleurs de tous les autres partis que compte le pays, est justement d’apprendre à ces jeunes ces «leçons de Novembre». Ils ne peuvent pas «s’armer» ni «prendre exemple» sur quelque chose qu’ils ignorent par la faute de leurs aînés.

Les Algériens n’en peuvent plus d’entendre leurs hommes politiques se contenter de constats alors qu’ils en attendent des solutions. Nos jeunes sont victimes des politiciens qui les sermonnent plus qu’ils ne les aident à découvrir leurs racines. Alors cessons de nous complaire dans les mots et agissons! Donnons l’occasion et les moyens à nos enfants d’apprendre leur histoire. Ainsi, nous n’aurons même pas à nous donner la peine de faire preuve de patriotisme. Cela coulera de source.

Zouhir MEBARKI

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