Les bouleversements successifs couronnés par la terrible crise de 1992 nous charrièrent autre chose de moins noble.
Le 1er Novembre 1954, un petit nombre d’Algériens décida de passer à l’action et se lança témérairement dans un combat inégal, mais qui fut victorieux avec l’aide de Dieu. L’histoire de David et Goliath se vérifiait encore une fois. L’Algérie négocia avec succès son accès à l’indépendance et à la souveraineté, même si son intégrité territoriale devait lui coûter quelques années de guerre supplémentaires.
Les colons quittèrent massivement le pays qu’ils avaient dominé 132 ans durant. Ils nous prédirent la famine, la misère et le chaos. Pour les Algériens, le choix était de «vivre libres, quitte à bouffer de l’herbe», selon le mot de l’époque. «Houma walla n’touma», disent aujourd’hui nos jeunes harraga, inversant complètement le verset. Où en est-on aujourd’hui avec l’esprit novembriste ? Les bouleversements successifs couronnés par la terrible crise de 1992 nous charrièrent autre chose de moins noble.
Les valeurs de novembre s’effacèrent au profit d’autres qui nous sont étrangères et qu’on nous administre quand même. Les Algériens ont-ils livré une guerre des plus coûteuses pour qu’on vienne leur dicter, au nom d’une fausse mondialisation, une conduite qu’ils refusaient crânement d’adopter sous la colonisation ? Quand nous entendons le chef d’Etat avouer publiquement: «Lorsque je suis venu, j’ai trouvé toutes les clés aux mains de la France», on ne peut que s’interroger sur la fragilité de cette souveraineté qui faisait notre fierté.
Et quand on constate que l’enseignement de la langue française est plus répandu en Algérie que durant la présence coloniale, que le français est pratiquement une seconde langue maternelle puisque enseigné dans nos écoles dès la 2e année primaire, et que les instituteurs, prêts à le répandre dans le Sud, seront récompensés par… un logement, on ne peut que se demander s’il ne s’agit pas là d’une forme d’aliénation qu’aucun chahid n’avait imaginée.
Aujourd’hui, on pousse l’outrecuidance jusqu’à nous sermonner pour nos décisions souveraines. Comme si on faisait partie des DOM-TOM. On s’ingère dans nos affaires jusqu’à nous souffler à l’oreille les bons scandales qui délogent l’adversaire économique. Pourquoi pas alors une repentance à rebours ?
Par Mohamed Zaâf
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