Le rapport très critique du juge sud-africain, Richard Goldstone, va-t-il, enfin, sonner le glas pour Israël? Tout le laisse croire, encore qu’il y a lieu d’être prudent en l’occurrence tant l’Etat hébreu a su, ces dernières décennies, tirer jusqu’à l’usure sur la corde de l’antisémitisme, parade qui le mit à l’abri de toute condamnation et le sortit, indemne, des pires massacres commis dans les territoires palestiniens occupés. Crimes qui tous pouvaient être assimilés à des crimes de guerre et de crime contre l’humanité.
C’est exactement la conclusion à laquelle arrive le rapport Goldstone. Le juge sud-africain espère que le dossier sera déposé par le Conseil de sécurité auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour que l’affaire de l’agression contre la bande de Ghaza suive son cours. Fort de l’impunité que lui ont assurée les grandes puissances occidentales, Israël a fait peu cas de la vie des Palestiniens massacrés sans état d’âme tout au long des quarante dernières années.
Dans une déclaration expliquant le rapport de la commission d’enquête de l’ONU, le juge Richard Goldstone a ainsi dénoncé le fait qu’«une culture de l’impunité prévaut dans la région (du Proche-Orient, Ndlr) depuis trop longtemps» et ajoute: «L’impunité pour crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité a atteint un point critique»
Le juge estime, d’autre part, que «l’absence actuelle de justice mine tout espoir d’un processus de paix et renforce un environnement qui favorise la violence». Sans qu’Israël soit cité nommément, il est patent que le juge onusien faisait référence à l’Etat hébreu, le seul pays au monde qui jouit d’une curieuse mansuétude de la part des grands qui se sont autoproclamés «gendarmes» du monde. Des «gendarmes» qui ne se sont jamais intéressés aux exactions d’Israël, exactions partout ailleurs condamnées.
Ainsi, la vie de 1400 Palestiniens tués entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009, lors de l’agression contre la bande de Ghaza, n’a pas pesé lourd et n’a pas fait réagir la «communauté internationale» de la même manière qu’elle le fait promptement pour d’autres conflits dans le monde. Ces dernières années, toutes les tentatives de présenter Israël et/ou ses dirigeants, devant une juridiction internationale, pour les crimes commis contre le peuple palestinien ont échoué, singulièrement du fait des pressions qui ont pesé sur la Belgique et l’Espagne, notamment, dont les cours étaient compétentes pour connaître des crimes de guerre.
Mais aujourd’hui, l’étau semble se resserrer autour d’Israël mis sur la sellette, tant par le récent rapport de la commission de l’ONU que par les rapports d’ONG internationales des droits de l’Homme. En fait, si la CPI pouvait lancer un mandat international contre un dirigeant en exercice (cf; le président soudanais Omar El-Bechir), pouvait-il en être autrement pour des dirigeants israéliens coupables d’avoir ordonné des représailles contre les Palestiniens? Exactions assimilées ou qualifiées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par les ONG et M.Goldstone.
Si Israël est un Etat comme les autres, la justice internationale doit s’appliquer à ses dirigeants avec la même sévérité qu’à l’encontre d’autres pays ou dirigeants dans le monde. Mais, il y a comme un retour de bâton. C’est ainsi que le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, directement impliqué dans les crimes commis contre les Palestiniens de Ghaza, a été menacé d’arrestation, hier à Londres, à la suite d’une requête d’un groupe d’avocats représentant des Palestiniens, devant le tribunal de Westminster à Londres.
La requête a été rejetée. C’est là un avertissement à Israël et à ses dirigeants, lesquels risquent de ne plus être en sécurité dans le monde après avoir, durant des décennies, bénéficié de l’impunité et s’être placés au-dessus des lois et du droit international.
Karim MOHSEN
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