Il pleut des étoiles
Dans les cieux délavés
Voguent les voiles
Sur les mers oubliées
Toche ma plage
Tu ne vieillis jamais
La colline enrage
D’être la mal-aimée
Toche des dépités
Des pauvres des aisés
Des bonheurs décapités
Des illusions rasées
Tu brilles dans ma tête
Comme un feu d’antan
Et fait la fête
Dans les Santons
C’était un ami et la guitare
Moustaki chantait
Sous le phare
Qui nous hantait
C’était la jeunesse
Le cœur en diagonale
Nous chassions la tristesse
A l’horizontale
Vingt ans à la pendule
Morsure de l’été
Sur nos chairs incrédules
De passions allaitées
Toche de l'apparence
Mère des faussetés
Tu tournes tu danses
Dans les vies époussetées
Toche l’incomprise
Je nage dans tes humeurs
Ton regard méprise
Et attise la fureur
Je t’aime en automne
Quand part l’été
Quand revient le cyclone
Des amours à satiété
Je t’aime en septembre
Sans la foule
Je t’aime dans la pénombre
Sans la houle
Je t’aime tranquille
Posée comme un parasol
Loin de ta ville
Et des folies en farandole
Je t’aime sous l’orage
A midi pile
Quand ferme la plage
Et somnole la ville
Je t’aime la nuit
Pluies de perles
Sur ton cou ébloui
Quand l’extase déferle
Toche mon ivresse
Camarade retraitée
J’adore tes caresses
Dans les nuits agitées
Il pleut
Je suis à l’Escale
Les yeux dans le bleu
Le cœur en cavale
Vient
Le soir, obscur
Mon cœur, le tien
Le doux murmure
Elle vit
La mer sauvage
Et me ravit
De son ramage
Elle frémit
Dans son sommeil
Et gémit
A son réveil
Posé
Le soleil d’hiver
Tendrement arrosé
De nos verres
Entêtés
Les miroirs en face
La mer répétée
Sur toutes les glaces
Il pleut
La ville tombe
Dans le creux
De l’hécatombe
Orages
Le torrent ravage
Ton rivage
Tes coquillages
Abîmée
Ma ville avalée
Brimée
De pluie ravalée
Noyée
De boue maquillée
Broyée
Dans ses allées
Ton présent
Ton passé ton futur
Machine sans raison
Sans culture
Où sont
Tes palais, tes danseurs
Tes chansons
Tes chœurs
Accablée
Comme un cheval
Ville affublée
Pour les carnavals
Dans le silence et le noir
Des jeunes, j’ai vu partir
Les yeux garnis d’espoir
Malgré l’approche du pire
Toche port d’infortune
Ici les bourses saignent
Pour une virée en
Sardaigne
Chargée de rancune
Toche de là-bas
Près du sable d’or
Toche d’en bas
Des faibles des forts
Toche des clopes
Vendues par le manchot
L’espoir fait flope
Sous le gravier chaud
Au Palmier, pas de mer
Juste un bout de liberté
Et des filles mères
Sans puberté
Le pêcheur est mort
D’avoir chassé la peur
Et traqué le mauvais sort
Dans les nuits de frayeur
Toche des aurores
Pâles comme une insomnie
Comme un soleil mort
Une barmaid dans un taxi
Les filles s’en vont
Les bonniches viennent
L’amour dorénavant
Sera sans étrennes
Bamako, on t’a fermé
A cause du Général
Nuits fermentées
Le cimetière est pâle
Toche adieu
Je repars vers mon village
Le cœur radieux
La tête pleine d’images
Et dans le frimas des plaines
Et le silence de Madaure
La mer n’aura aucune peine
A serrer mon cœur très fort
Je reviendrai c’est sûr
Pour larguer des vers
Verts ou mûrs
Au-dessus de la mer
Le temps guérira
De toutes les maladies
Le temps périra
D’avoir trop dit.
(Toche, 28 septembre 2009)
M. F.
N.B. : La suite de «La Grande harba» dans l’édition de jeudi prochain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire