De nombreuses voix officielles n’ont cessé d’appeler, depuis l’Occident, les pays du Maghreb et du Sahel à unir leurs forces pour venir à bout du terrorisme. Pas plus loin qu’hier, la recommandation – assortie de plusieurs autres suggestions d’ordre politique – a été réitérée depuis Washington, la capitale fédérale américaine. Après plusieurs années d’hésitation, les pays de la région ont fini par prendre le conseil très au sérieux. Depuis l’été dernier, les gouvernements algérien, malien et nigérien ont pris l’initiative louable, en effet, de mener dès qu’ils seront prêts une importante offensive commune contre Al Qaîda au Maghreb.
Nous ne sommes pas dans les secrets des dieux, mais ceci dit il est peu probable que l’attaque programmée contre les groupes islamistes armés intervienne à très court terme. Nul besoin en effet d’être un stratège militaire pour deviner qu’un tel projet a besoin d’un minimum de préparation. Au-delà des exigences que peut imposer ce genre de mission, il n’est nul besoin de dire que les armées concernées doivent d’abord et avant tout apprendre à travailler entre elles. C’est ce qui est appelé dans le jargon miliaire l’interopérabilité.
Et ce n’est pas faux de dire qu’il s’agit déjà là de tout un programme à mettre en œuvre avant de parler de quoi que ce soit d’autre. Ceci dit, la remarque ne diminue en rien du mérite des pays qui ont décidé de prendre le taureau par les cornes et de dépasser leurs divergences pour donner un grand coup de pied dans la fourmilière du terrorisme.
Un grand mérite parce qu’il était impensable il y a une année encore, au vu surtout des enjeux et des intérêts divergents qui minent la région du Sahel, de voir ces pays collaborer dans un domaine aussi sensible que celui de la lutte contre le terrorisme.
Est-ce que maintenant l’offensive contre les bases d’Al Qaîda au Maghreb et des narcotrafiquants portera ses fruits ? Les experts sont de plus en plus nombreux à dire qu’une coopération classique et conjoncturelle ne saurait suffire pour venir à bout militairement d’Al Qaîda.
La constitution d’un état-major permanent regroupant l’ANP et les forces armées des pays du Sahel se pose aujourd’hui, selon eux, comme une nécessité vu la forte amplitude de la menace terroriste. Compte tenu de l’expérience passée, la bataille ne peut se gagner aussi que grâce au renseignement et à la collaboration des Touareg, grands connaisseurs du terrain.
Cela suppose, bien évidemment, un règlement définitif du problème de la rébellion touareg. Pour minimiser l’intervention de puissances extra-africaines (celles-ci pourraient avoir des visées autres que purement sécuritaires), il devient plus qu’indispensable pour l’Algérie de disposer d’un satellite militaire capable de balayer le moindre coin et recoin d’une région actuellement dépourvue, en grande partie, d’une couverture radar digne de ce nom.
C’est à cette seule condition que la bataille contre le terrorisme pourra être véritablement gagnée et que les pays du Sahel pourront acquérir une autonomie véritable en matière de sécurité. Sans cela, ils resteront limités dans leurs actions et exposés à toutes les manipulations.
Par Zine Cherfaoui
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