Libre donc à la France de s’essayer à la sacralisation de la colonisation et, ce faisant, de s’éloigner encore un peu plus des valeurs portées par Jaurès ou Rousseau. Au demeurant, les Français eux-mêmes sont quelquefois les premiers à se plaindre de l’état actuel de la scène politique dans l’Hexagone, qui, en la matière, a accéléré la cadence.
C’est donc reparti pour un nouvel épisode orageux comme seules en connaissent cycliquement les relations entre Alger et Paris. Cette fois encore, la cause de la polémique est la même : la colonisation, perçue d’un côté comme motif de gloire et de l’autre comme un passif lourd qu’il convient de solder. Deux positions impossibles à concilier, dès lors que les deux parties voient le dossier sous des angles diamétralement opposés. Il en découle que cette page commune de l’Histoire des deux pays continue d’empoisonner les rapports entre les deux États.
Faut-il donc convoquer la Loi de la relativité chère à Einstein (Tout est relatif) pour que chacun comprenne enfin qu’il ne peut pas exister de convergences de vue entre le bourreau et sa victime dès lors qu’il s’agit de qualifier ce que le premier a infligé à la seconde ? Il semble bien que l’un comme l’autre doivent tôt ou tard s’y résoudre. Libre donc à la France de s’essayer à la sacralisation de la colonisation et, ce faisant, de s’éloigner encore un peu plus des valeurs portées par Jaurès ou Rousseau.
Au demeurant, les Français eux-mêmes sont quelquefois les premiers à se plaindre de l’état actuel de la scène politique dans l’Hexagone, qui, en la matière, a accéléré la cadence. Il faut dire que là-bas, le processus de reniement national, accepté jusqu’ici au nom d’une maison Europe esquissée par les seuls intérêts économiques, a atteint le seuil de l’intolérable depuis l’arrivée de Sarkozy à l’Élysée, lui qui, ne l’oublions pas, est accusé par Le Pen d’avoir surfé sur ses idées pour se faire élire.
Non pas au nom d’une réciprocité infantile comme le suggère la Fondation du 8-Mai-1945, mais surtout au nom de la souveraineté retrouvée et des sacrifices de ceux qui ont libéré le pays, l’Algérie est en droit, de son côté, de porter aux nues son combat contre le colonialisme. Voter une loi qui serait aux antipodes de celle proposée par des députés français serait insuffisant, trop insuffisant. Il s’agit surtout de vulgariser l’Histoire vraie de ce combat-là afin de permettre aux générations actuelles et futures de s’en inspirer et le poursuivre par la construction d’un État de droit, de liberté et de justice sociale.
Ce serait la meilleure réponse du berger à la bergère. C’est là un défi algéro-algérien dont on ne peut se dérober si l’on veut que nos serments anticoloniaux aient de la crédibilité. Ne pas assumer un tel défi serait aussi un reniement, notre reniement. En attendant que la France revienne de ses errements, elle qui a d’autres atouts historiques, culturels et civilisationnels, bien mieux présentables, à faire valoir sur la scène internationale.
Par : Saïd Chekri
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