Après une phase de déprime naturelle et une vague envie de suicide collectif suite à la défaite cairote, les Algériens se sont vite ressaisis le matin, dès l’annonce d’une offre de billets gratuits ou à tarif réduit pour le Soudan. Etant entendu qu’une victoire à Khartoum ouvre la voie à l’Afrique du Sud, toute la journée, des milliers d’Algériens ont défilé dans les rues en brandissant leur passeport vert et c’est la première fois qu’ils les brandissent autrement que pour signifier un départ définitif, la harga sans retour.
C’est la première fois que les Algériens exhibent ouvertement leur titre de voyage avec la ferme intention de revenir dans leur pays, juste après avoir tué quelques Egyptiens à Khartoum. Il faut pourtant arrêter ici toutes les tentatives de récupération patriotique de ce qui est en train de se passer.
Car ce qui est arrivé au Caire, avec la mort d’Algériens sous le regard passif de la police et de l’Etat, renvoie à l’Algérie l’image de l’Egypte, ennemie par le peuple et le football mais amie de circonstance par le régime.
Celui d’un pays autoritaire où les forces de l’ordre jouissent de l’impunité, ce qui leur a permis de laisser tuer et blesser tant d’Algériens. A ce niveau, l’Etat algérien, tout aussi antidémocratique, ne peut que pleurer les pertes humaines sans contester la nature du régime égyptien puisqu’il a le même à domicile.
Et sur son terrain, l’Algérie dépassée, l’Etat algérien n’a rien dit et son contraire, condamnant sans le faire, passant de billets gratuits à la rumeur de billets à 20 000 DA, et pour ne citer qu’Alger, ouvert une agence de 20 m2 pour accueillir une foule de milliers de personnes prêtes à aller jouer la bataille de Khartoum.
Pourquoi aller à Khartoum ? Pour mourir et venger la mort des siens, dans la grande tradition nationale. Pourquoi pas ? Cela fait déjà un mois que ce n’est déjà plus du football.
Par Chawki Amari
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