L’école publique algérienne est mal en point. En dépit d’une série de «réformes» entreprises ces dernières années, le secteur de l’éducation n’arrive toujours pas à retrouver ses marques pour s’inscrire résolument dans la modernité. L’Etat y a mis pourtant des moyens colossaux. La tutelle, le corps enseignant, les élèves et leurs parents sont loin de se mettre d’accord sur quoi que ce soit.
Le marasme cloue manifestement tout le système. Même si les chiffres de la réussite aux examens de fin d’année sont en nette progression, la qualité n’y est toujours pas. Le ministère continue d’entreprendre par-ci par-là, et souvent de manière unilatérale, des changements et des liftings, sans véritable concertation avec les acteurs de la famille éducative. Les enseignants, quant à eux, focalisent toute leur attention sur d’insatiables considérations sociales et salariales, en reléguant au second plan la qualité et la nature des cours dispensés. Les apprenants se plaignent de la surcharge horaire de l’emploi du temps quotidien.
Les parents, à défaut de prise de conscience, sont carrément démissionnaires. Chacun y va de ses propres intérêts et de ses petits calculs bassement matérialistes. A défaut de dialogue et de débat entre les différents partenaires, la protestation et le flou priment sur tout le reste au grand dam de tout le monde. A chaque rentrée scolaire, les mouvements de grève et les débrayages reviennent sur le devant de la scène pour remettre sur le tapis une multitude de revendications.
Les questions de pouvoir d’achat, les contraintes pédagogiques, les moyens matériels et la logistique, les syndicats du secteur ne se lassent pas d’allonger la liste de leurs griefs envers l’administration, sans pour autant se remettre en cause, ne serait-ce qu’une fois, quant à leur responsabilité dans cette situation. Le commun des mortels ne comprend pas grand-chose tout cet embrouillamini. Il est évident qu’on est face à une crise patente de dialogue et de concertation. Toutes les parties impliquées dans ce dossier doivent impérativement se réunir pour mettre l’école au-dessus de toutes les contingences.
La promotion et la défense réelles de l’école publique, véritable creuset du développement national, exigent nécessairement un effort collectif et un véritable travail de fond qui s’articulerait sur de nombreux volets comme la pédagogie, la psychologie, l’orientation des programmes et des contenus, ainsi que la gestion et l’organisation de tous les mécanismes y afférents. L’action et la réflexion conjuguées de toutes les composantes humaines du secteur doivent gagner en consistance, en fréquence et être toujours plus en phase avec les réalités concrètes pour une éducation et une formation publiques de qualité.
Pour cela, tous les acteurs doivent évidemment pencher pour une école fière de son idéal républicain, social et démocratique, d’une part, et résolument inscrite dans les valeurs qui fondent l’identité algérienne, d’autre part. L’école publique doit absolument s’inscrire dans le XXIe siècle pour former des citoyens conscients de leur rôle dans la société, et parfaitement imprégnés des développements techniques et scientifiques qui se produisent à chaque seconde un peu partout à travers le monde.
On est appelé, conséquemment, à dépasser ces futilités et ces faux débats qui retardent l’avènement d’une école authentiquement algérienne et pleinement ouverte sur l’universalité. Dans leur for intérieur, et l’administration et les syndicats savent parfaitement que l’enjeu véritable est bien celui-ci, même s’ils feignent de l’ignorer. «La vie moderne est faite pour les premiers de la classe. Ce sont tous les autres que j’aimerais bien défendre», disait un anonyme. Les autres, ce sont, ici, nos élèves à nous.
Par Kamel Amghar
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