En visite à Washington, le dalaï-lama devra se contenter de ses entretiens avec Nancy Pelosi, la dirigeante démocrate à la chambre des représentants, et Mario Otero, coordinatrice spéciale américaine pour le Tibet. Le dirigeant bouddhiste en exil devra se rechausser, le tapis rouge que lui déroulait Angela Merkel à Berlin n'a pas été retenu par le protocole US.
A moins qu'il veuille passer des semaines dans la salle d'attente de la White House, il ne verra pas le président américain avant le mois de novembre prochain.
C'est écrit sur son agenda, pas avant son retour de Chine où son homologue Hu Jintao l'accueillera à sa descente d'avion. Ce fait peut laisser le sage perplexe mais les intérêts des Etats-Unis passent avant les aspirations indépendantistes des bonzes.
La France sait à quel point c'est indispensable en temps de crise. Toutefois, en compagnie de Mme Pelosi, le moine peut librement parler politique, voire même critiquer le pouvoir central à Pékin. Après tout, il est l'invité de l'oncle Sam et n'est pas sur l'île de Taïwan où il avait été sommé poliment de parler religion au lieu de politique.
Compréhensif, il peut l'être également à l'égard de Barack Obama qui ne peut décevoir ses nouveaux « amis» chinois. Les enjeux sont trop importants pour faire patienter en salle d'attente le prix Nobel de la paix.
Ne serait-ce que parce que l'administration démocrate attend que la République populaire fasse le minimum au prochain sommet de Copenhague, l'Amérique n'est toujours pas prête à ruiner son économie en adoptant le tout vert. Elle serait même partante aux côtés des pays riches pour enterrer le protocole de Kyoto.
Quoi qu'il en soit, le dalaï-lama doit se mettre à la place de Barack Obama qui a vu le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, arrivé en Corée du Nord des jours avant la date annoncée. C'est en partie pour convaincre la dynastie des Jong-Il de la sincérité des Etats-Unis à reprendre le dialogue dans le respect de l'autre et sans avoir à se traiter de Satan ou de voyou.
Le «messager» Jiabao ne rentrera pas bredouille en Chine comme est rentré George Mitchell des Territoires palestiniens où l'on ne sait plus qui a fait quoi au sujet du report du vote du conseil des droits de l'homme de l'ONU sur le rapport Goldstone. Le chef du gouvernement chinois est revenu, lui, avec de bonnes nouvelles pour le président Obama.
Les autorités de Pyongyang envisagent des pourparlers multilatéraux, en l'occurrence la reprise des négociations avec le groupe des Six sur le désarmement nucléaire. Seule condition préalable, Washington doit faire preuve de respectabilité.
Kim Jong-Il, l'homme qui vieillit dans le froid en suivant la guerre de succession que se livrent ses fils, peut compter là-dessus sur le président Obama. Celui-ci s'est bien trouvé des affinités avec le Russe Dimitri Medvedev, en attendant l'issue de l'affaire iranienne, et a bien engagé des discussions avec la Havane au plus haut niveau.
C'est ce que doit comprendre le leader des bonzes tibétains en exil, Barack Obama ne peut plus désormais se passer de la coopération des Chinois qui auront entre autres leur mot à dire si un texte prévoyant des sanctions contre leur allié iranien venait à être déposé, début 2010, au Conseil de sécurité de l'ONU.
L'Amérique aura tout à perdre si elle se mettait dès l'heure à réécouter les «caprices sécessionnistes» du dalaï-lama. Il sera toujours le bienvenu aux Etats-Unis mais là il faut absolument que l'administration démocrate se remette au travail si elle veut sauver sa politique étrangère de la dérive.
Elle n'a plus une minute de plus à consacrer au moine aux «pieds nickelés», quitte à l'agacer. Il ne peut prétendre l'être plus que les généraux US et les autorités pakistanaises face aux hésitations du président Obama.
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