Dans un communiqué diffusé, à partir de sa boîte postale sise au Club des Pins, le bureau national de l’Association des anciens condamnés à mort (1954-1962) informe les adhérents du contenu d’une audience que le ministre (dont le portefeuille n’est pas précisé, mais il doit s’agir du ministre des Moudjahidine) lui a accordée.
Le ministre en question a promis à ses hôtes la prise en charge des revendications ainsi énoncées dans le communiqué :
- cadres de la nation ;
- cadres de la Révolution ;
- catégorie 4 pour les anciens condamnés à mort ;
- catégorie 3 aux ayants droit des anciens condamnés à mort guillotinés par le colonialisme et décédés après l’Indépendance ;
- prise en charge pour des soins à l’étranger ;
- emplois pour les enfants des anciens condamnés à mort ;
- logement pour les anciens condamnés à mort et leurs enfants ;
- mention “Condamnés à mort” sur les attestations communales ;
- réversion des pensions pour les veuves des anciens condamnés
à mort ;
- le 19 juin consacré par décret exécutif comme Journée nationale des anciens condamnés à mort ;
- le passeport pour La Mecque pour les anciens condamnés à mort ;
- des séjours de repos dans les stations thermales pour les anciens condamnés à mort et leurs ayants droit.
Quelques observations s’imposent sur certains chapitres de cette longue plate-forme de revendications.
Quel rapport peut-il se faire entre un statut aussi méritoire d’ancien condamné à mort de la Révolution et celui de cadre de la nation, qui n’a au demeurant de sens que dans un régime totalitaire de type “article 120”, et qui, de toute manière, renvoie à une fonction politique ou administrative en cours d’être exercée ?
La “prise en charge de soins à l’étranger” peut-elle constituer un droit légalement consenti à une catégorie de citoyens – et non de maladies — par un État ? Le communiqué ne précise pas si nos “Anciens” refuseraient les éventuels “bienfaits” du système de santé d’une France toujours coloniale. Cela nous étonnerait, l’ancien premier responsable de l’Association n’a pas refusé d’être promu à un poste consulaire à Paris !
Emploi et logement : cela ne suffit-il pas que les jeunes Algériens prennent le large en radeaux pour vouloir encore prioriser des “ayants droit” ? En trois jours, plus de 230 harragas ont été interceptés entre l’Ouest algérien (50), Annaba (30) et l’Espagne (150).
La mention “Ancien condamné à mort” sur l’Attestation communale vise-t-elle à classer les moudjahidine par catégories ? Enfin, le droit au repos dans les stations thermales aux “Anciens”, cela se comprend ! Mais exiger la sinécure à sa descendance, ce n’est point dans la norme de la responsabilité de nos aïeux qui nous élevaient dans les valeurs de l’effort et de l’utilité sociale.
On a de la peine à croire que ces demandes viennent d’une association présidée par un sénateur qui a failli être exécuté pour l’Algérie. Continuer ainsi à en redemander, après un demi-siècle d’indépendance, alors que le pays sombre au 104e rang en termes de développement humain !
Par : Mustapha Hammouche
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