On ne sait pas si les mesures visant à venir à bout des chantiers «chroniques» de nos villes sont soutenues par un projet urbanistique susceptible de redonner un visage humain à l'horreur qui nous tient lieu de cités ou il s'agit encore d'une saute d'humeur décidée par oukase.
Les Algériens sont tellement habitués à ce genre de sursaut sans lendemain que même ceux d'entre eux qui sont censés être touchés par la contrainte de ces mesures les accueillent avec des haussements d'épaules et des sourires entendus qui en disent long sur leur disponibilité à obtempérer.
C'est que par-delà l'habitude, le passif, en l'occurrence, et ce qu'il a permis comme accumulations, est difficile à combler et à intégrer dans un tissu urbain moderne et un dispositif légal appelé à mettre la ville à l'abri de la laideur et de la non-fonctionnalité. En termes plus terre à terre, on a trop et pendant trop longtemps laissé faire.
Quels que soient le degré de coercition de ces mesures et le niveau de performance du projet dont elles sont l'appoint, les dégâts pourraient bien être irrémédiables.
D'abord parce que la plus grosse part du réseau anti-urbain est l’«œuvre» de l'action publique sur des décennies et il sera quasiment impossible de s'en débarrasser, pour diverses raisons dont les implications sociales et ce qu'elles coûteront comme réparations viennent tout de suite à l'esprit.
Parce que la laideur est d'abord dans les cités dortoirs avant les villas inachevées, parce qu'elle est plus caractéristique des errements d'Etat que de l'insouciance individuelle, l'héritage devient si lourd que l'entreprise devient problématique. Rien n'empêche cependant d'arrêter le massacre, et ça et là, à la faveur de quelques nouvelles réalisations, des signes évidents d'amélioration sont visibles.
On a vu de plus en plus d'ensembles finis et de maquettes portant des projets intégrés. Cela augure-t-il pour autant d'un futur urbanistique élaboré et esthétiquement homogène ? Peut-être. Mais dans ce cas, les propriétaires de villas en éternel chantier ne doivent pas seulement être sommés de «terminer» leur construction.
On peut très bien accélérer les travaux ou les bâcler, donner un coup de cisailles à la ferraille sur les toits mais continuer à squatter les trottoirs, prévoir d'autorité des espaces commerciaux comme s'il suffisait de le décider, réduire dangereusement les chaussées et agresser la vue par des couleurs et des décors de maisons clauses.
Pour l'heure, il n'est manifestement question que de «faire la guerre aux éternels chantiers». Pas très enthousiasmant pour un renouveau urbanistique. Il serait heureux qu'on ne nous ait pas tout dit.
Slimane Laouari
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