Les décisions prises à la réunion du G20 à Pittsburgh, aux Etats-Unis, reflètent bien la gravité de la situation de l’économie mondiale et la reconnaissance d’un début de déplacement du centre de gravité du pouvoir avec l’émergence de nouvelles puissances économiques. La responsabilité de l’Administration américaine dans la crise économique mondiale, en laissant ses places financières se transformer en véritables « casinos », a amené les dirigeants américains à être plus pragmatiques tout en continuant à défendre leur statut de puissance dirigeante de l’économie mondiale.
L’Administration américaine ne pouvait ignorer une sorte de perte de confiance vis-à-vis du dollar qui a conduit plusieurs pays, comme la Chine, la Russie ou le Japon à orienter leurs réserves vers l’or plutôt que le dollar ou vers des obligations à court terme plutôt que vers les obligations à long terme, diminuant ainsi le soutien à la dette américaine. Il y a quelques mois, la Chine et la Russie avaient déjà proposé de créer une nouvelle monnaie de réserve internationale.
Ces pressions ont permis d’obtenir quelques résultats avec le « transfert de quotes-parts au profit des pays émergents et en développement dynamiques d’au moins 5% depuis les pays sur-représentés vers les pays sous-représentés » au niveau du FMI. Pour la Banque mondiale, le transfert concerne 3%.
La principale critique des pays comme la Chine, la Russie ou le Brésil concerne la dérégulation qui a aggravé la crise. Malgré les concessions faites par les dirigeants des pays des plus grandes économies, le rapport de force est loin d’être changé. Mais un processus évoluant vers une sorte de rééquilibrage du système au profit de certains pays émergents a été enclenché.
Cet aspect est concrétisé par la décision de désigner « le G20 comme étant le forum prioritaire de notre coopération économique internationale ». Pour garantir la reprise, les pays du G20 se sont engagés à élever les normes en matière de capitaux pour mettre en œuvre des normes internationales strictes en matière de rémunération et de mettre un terme aux pratiques qui entraînent des prises de risque excessives, pour améliorer le marché de gré à gré des produits dérivés et pour créer des instruments plus puissants afin de s’assurer que les grandes sociétés multinationales assument la responsabilité des risques qu’elles prennent.
Dans ces conditions, l’action de l’Administration américaine reste déterminante au niveau des places financières américaines. Le projet du président Obama de réforme de la régulation n’a pas encore été adopté vu le caractère idéologique que revêt la dérégulation dans le système américain. Et le système de réduction des bonus est loin de faire l’unanimité, aussi bien à New York qu’à Londres.
Par Liès Sahar
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