C’est quoi, le racisme ? Madre mia ! C’est une plaisanterie. Rien de plus. Une facétie. La légèreté même ! A l’occasion, c’est un complot contre d’honnêtes gens sur qui, instantanément, tombe la tuile de la suspicion. Qui jette la pierre ? On ne sait. L’immanence, peut-être ! Je vais finir par croire, dans un pays laïque comme la France, à l’existence de forces malignes qui, à partir de rien, histoire de rire, créent des remous, voire des rumeurs, afin de donner le tournis aux braves gens.
Ça s’appelle «monter en épingle» ! Ça monte bigrement ! Brice Hortefeux, ministre de son état, Français de surcroît, a été la dernière victime en date à en faire les frais. Alors que jamais, au grand jamais, on aurait pu soupçonner qu’une idée raciste puisse traverser son espace aérien sans qu’aussitôt ses DCA ne ripostent, voilà qu’il a fallu que ce soit sur lui que ça tombe ! Le meilleur ! Il a fallu que ce soit lui que l’on accuse d’avoir tenu des propos aussi équivoques. Voyez-vous ça ! Pourtant, il a prouvé dans la conduite de sa politique de l’immigration, parce que nourri à un certain humanisme français, combien l’antiracisme lui tenait à cœur.
La fraternité. Et le reste ! Qui, mieux que lui, pourrait avoir conscience que cette nation a été bâtie grâce aux apports de tous les peuples qui y ont trouvé asile ? Et puis, comment qualifier de raciste un échange anodin, lors de l’université d’été du mouvement sarkozyste, entre un militant «d’origine algérienne» de l’UMP et «son» ministre de l’Intérieur ? Le grand a dit que quand il y a en un, ça va encore, mais que quand ils sont plusieurs, bonjour les problèmes ! Faute à pas de chance, ces propos ont été captés grâce à une caméra. C’est ainsi que des millions de personnes ont pu distinctement entendre, à l’extérieur, Monsieur le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, plaisanter sur les problèmes que pose le rassemblement de plus d’un… Auvergnat. L’Auvergnat a le dos large, Georges Brassens s’en était déjà aperçu !
C’est en tout cas par lui que Brice Hortefeux a trouvé à se justifier. Les Auvergnats apprécieront, du plus petit au plus grand… Mais à moins qu’Auvergnat ne s’entende ou plutôt ne se sous-entende Arabe, en français, tout le monde a bien compris. Hortefeux, voyant son système de défense anti-feu claudiquer sérieusement, rectifie le tir ! Deuxième round. Il exprime toute la répulsion que lui inspire l’utilisation de propos échangés dans un cadre privé. Comme si les propos ambigus en tout cas, voire carrément racistes, prononcés dans un cadre privé n’avaient pas un impact d’autant plus fort, du fait qu’ils renforcent et confirment, en intime, une parole publique que l’on pourrait supposer stratégique ou à visée électorale.
Alors comme ça, les propos d’un ministre de l’Intérieur en exercice, cadre de l’UMP, lors de l’université d’été de ce parti, relèvent du privé. N’est-ce pas un certain Nicolas Sarkozy, qui jadis, alors qu’il occupait les mêmes fonctions, disait qu’à ce poste, on travaille tout le temps ? Allez ! Une dernière tentative ! Ses propos ne sont pas racistes parce que son interlocuteur, le jeune «d’origine algérienne», lui pardonne. Au nom des siens et de tous les antiracistes ! Même dit par un seul, ça fait du monde !
C’est l’arbre qui cache la forêt ! L’ennui pour tous ceux qui à grand renfort de cris d’orfraie ont pris sa défense, c’est qu’il finit par exprimer des regrets ! Et devant qui ? Dalil Boubekeur et les copains du CFCM lui ouvrent le confessionnal ! Bravo pour la laïcité. Reconnaître que ses propos ont pu choquer quelques personnes, c’est déjà passer à moitié aux aveux !
Paf ! Du coup, puisqu’il plaide à moitié coupable, ce n’est pas sa démission à lui que doivent demander ses adversaires politiques et les associations anti-racistes mais celle de toutes celles et ceux qui ont foulé aux pieds les principes moraux de l’antiracisme pour blinder la solidarité gouvernementale. Ainsi, Fadela Amara, issue elle-même de l’immigration, prenant ses désirs pour des ordres, croit qu’il suffit qu’elle dise qu’un propos n’est pas raciste pour qu’aussitôt il cesse de l’être. Interrogée quelques heures avant le demi mea culpa de son collègue gouvernemental, elle s’emportait contre ceux qui montaient en épingle ces propos échangés avec un jeune qu’elle connaît. Et qui ne trouve pas raciste du tout la plaisanterie auvergnato-arabe d’Hortefeux.
On peut se demander ce que le premier concerné lui a pardonné ? Et cerise sur le gâteau, elle regrettait que la presse ne s’intéresse pas davantage aux suicides des employés de Télécom, plutôt qu’aux galéjades d’Hortefeux. Comme si l’un excluait l’autre. Force est de constater que défendu par des Auvergnats comme Fadela Amara, l’antiracisme a de beaux jours devant lui.
Autre soutien inattendu, et de poids pour Brice Hortefeux, celui de Jack Lang, cette figure de divers gouvernements de gauche sous Mitterrand et sous le Jospin de la cohabitation avec Chirac. L’ancien ministre de la Culture est le seul membre du Parti socialiste à apporter un appui explicite à Brice Hortefeux. «Il n'a jamais cédé à des instincts racistes. Cet incident a été monté en épingle et probablement mal interprété», a-t-il déclaré. Les millions de gens d’un côté et Jack Lang de l’autre n’ont pas vu et entendu la même chose sans doute.
Par Arezki Metref
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