Trop beau pour être vrai. Le rapprochement des points de vue du Hamas et du Fatah palestiniens au Caire, en vue de la création prochaine d'un cabinet d'union nationale, risque de fondre comme neige au soleil. La distribution des portefeuilles ministériels est totalement étrangère à un éventuel retour au conflit interpalestinien.
La menace, qui pèse sur la formation d'un conglomérat d'islamistes et caciques de l'OLP, n'est pas venue des bords du Nil mais de la banlieue de Genève. Précisément du conseil onusien des droits de l'homme, où le rapport sur les crimes de guerre commis lors de l'invasion de Ghaza n'a pas fini de monter la sauce.
Après la critique acerbe du contenu des 500 pages, rédigées de la main du juge Richard Goldstone, c'est le vote qui pose à présent problème.
A cause des réticences émises par les traditionnels défenseurs de l'Etat hébreu ? Pas tout à fait. Si le vote a été ajourné jusqu'à la prochaine cession du conseil des droits de l'homme, c'est en raison d'un accord passé en catimini entre l'Autorité palestinienne et les Etats-Unis.
Les deux parties se seraient entendues lors de la tripartite à Washington qui n'a suscité l'espoir que chez le seul président Obama. Le pacte de la traîtrise, a dénoncé le chef politique du Hamas à partir de Damas. De la haute trahison à l'adresse des martyrs de Ghaza. Initié à la «fauconisation» par la droite de la droite israélienne, Ehud Barak peut visiter la tour de Londres sans être inquiété.
Pas un juge n'osera lui demander des comptes, le rapport Goldstone va être remis au fond du tiroir, à la merci des moisissures. Au bonheur du gouvernement Netanyahu et de celui de l'administration Obama qui évite ainsi de brandir son veto au Conseil de sécurité.
Pourtant, il devra s'y faire, aucune administration américaine n'a pu échapper par le passé à cet exercice de sauvetage à chaque fois que l'Etat hébreu s'est retrouvé dos au mur.
Ses responsables politiques devront aller prier devant celui des lamentations, l'accord tacite américano-palestinien vient de les tirer comme un cheveu de la soupe. En échange de quoi ? De la reprise des négociations de paix ! Parce que Tel-Aviv a fini par accepter le gel de la colonisation au-delà des neuf mois initiaux ?
Aux dernières nouvelles, l'Etat hébreu n'a pas déplacé d'un millimètre sa ligne rouge. A moins que George Mitchell réserve cette surprise pour les fêtes de fin d'année.
Un beau cadeau de Noël qui n'en sera pas vraiment un, la résolution du conflit palestino-israélien ne repose pas sur le gel de la colonisation mais seule la reprise des pourparlers qui en est tributaire. En prenant le risque de favoriser une paix insaisissable sur la «traduction» de l'Etat hébreu devant le Conseil de sécurité, à défaut du box des accusés de la CPI, Mahmoud Abbas aurait-il commis l'irréparable, aux yeux de l'opinion publique palestinienne ?
Si des législatives venaient à être organisées bientôt, le Fatah ressentirait fortement l'onde de choc dont il est l'unique responsable.
Evidemment, ce qui tournerait à l'avantage du gouvernement de Ghaza qui n'a pas donné l'impression de vouloir se taire sur ce ratage historique qu'Abou Mazen a jugé nécessaire de provoquer au nom de la fuyante paix.
Il aura beau être rassurant sur le fait que le vote au conseil des droits de l'homme a été renvoyé et non pas annulé, plus grand monde ne prendra le temps de se laisser convaincre. A moins que dans la maison Fatah, on détient le secret de battre le fer même une fois refroidi.
Ce qui est beaucoup moins éphémère, c'est la crédibilité de l'Autorité palestinienne qui vient d'être remise en jeu. Mais qui aurait pu imaginer que les cartons rouges… à blanc soient si rapidement ramassés du tapis vert ? Assurément, d'un tout autre genre, ce veto sans vote restera dans les annales.
Par Anis Djaad
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