Non, ne vous affolez pas ; ce n’est qu’un canular que nous démentons tout de suite ! Ce n’est pas pour demain que ce genre d’imprévus vous surprendra. Et le fils de ministre qui le désire peut continuer à faire des excès de vitesse dans sa limousine sur les avenues de Genève avec vingt mille euros d’argent de poche dans la boîte à gants.
Et ne rêvez pas, vous autres ! Ce n’est pas demain que, dans notre système, l’on confondra un pair pour avoir expatrié sa part de prébende. D’ailleurs l’argent est goulûment moissonné pour être dépensé ailleurs. Le pays a été volontairement ramené à un état de sous-développement avancé en matière de qualité ; il n’a pas eu les investissements ni les libertés qui lui permettraient de profiter de la prodigalité de ses rentiers. Les vigiles lâchés contre la société achèvent d’en faire un désert culturel et de loisirs. Le beau, le bon et l’utile, il faut aller le chercher à l’étranger. C’est pour cela que nos parrains, qui disposent de l’argent du sous-sol national, commencent par ouvrir un compte aux bons endroits avant d’envoyer leurs héritiers apprendre à jouir de la modernité dans ces lieux-là.
Et malgré cette politique de terre brûlée, de sous-sol asséché plus exactement, nos tuteurs fatals ne comprennent pas que les enfants de pauvres prennent le chemin de la harga et les mettent en prison quand ils en réchappent. Il n’y a pas que le chômage qui les accule au large : même avec un travail rémunéré, ils n’ont rien à espérer, tout étant soit inaccessible, soit introuvable, soit “la yadjouz”.
Cela dit, l’Algérie, n’est-ce pas mieux que la Suisse en matière de fonds secrets : on n’a même pas besoin d’y ouvrir un compte pour s’asseoir sur sa fortune : les sachets noirs, qui servent légalement aux mouvements et aux dépôts de capitaux, suffisent à… blanchir les fortunes douteuses. Il paraît, d’après certains comptes rendus d’affaires de détournement, qu’on a vu de l’argent se déplacer par bennes de camions. On n’a pas besoin de demander un chéquier et on n’a pas de raison d’avoir une carte bancaire ; on n’a donc même pas besoin d’ouvrir un compte pour prospérer.
Des affaires de malversations, notamment celles entourant le programme de financement du développement agricole dit PNDRA, font régulièrement la “une” des journaux sans que cela ne perturbe ni les concernés ni les institutions. Comme dans le cas de l’affaire BRC ou autres, la caravane de la rente passe.
Non, ce n’est qu’un canular. De ce côté, rien à redouter pour les uns ; rien qui puisse les réjouir, pour les autres.
Au contraire, voici la bonne nouvelle pour les fortunés algériens, numérotés ou pas, des banques suisses : l’Algérie a ratifié, le 31 décembre 2008, “la convention entre le gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire et le Conseil fédéral suisse en vue d’éviter les doubles impositions en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune” qui avait été paraphée à Alger le 3 juin 2006.
Mustapha Hammouche
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