Boubekeur B. fait connaissance avec une charmante étudiante dans un salon de thé. Elle attendait des cadeaux. Il lui ôte sa bague. La juge est chargée de rendre justice...
L’étudiante est ap-puyée à la barre. La présidente écoute, la victime raconter comment elle a lié connaissance avec Boubekeur, 27 ans, un inculpé qui va avoir l’occasion de faire connaissance avec le poursuivant, Sayeh, en l’occurrence un procureur qui ne mélange jamais la loi et les sentiments. La jeune fille donne la version du vol de la bague.
La magistrate se retourne vers le détenu, debout au box et invite l’inculpé à s’expliquer. «Il n’y a rien de vrai dans tout cela. C’est moi qui lui ai offert deux bagues, pas une!», proteste timidement Boubekeur qui ne va plus quitter son avocat des yeux.
Nouredine Sayeh, le procureur entre en scène et pose une question à la réponse significative: «Comment vous êtes-vous connus et où?» «Au salon de thé du centre de la capitale. On avait convenu de faire connaissance, une plus ample connaissance, mais par sa faute, tout a foiré. C’est une imbécile. Elle ne parlait que bijou. Alors que pour moi, c’est elle le bijou», se lamente l’inculpé qui est franchement effarouché.
La victime, elle, forte de son statut d’étudiante, use et abuse de l’arabe littéraire, croyant chloroformer rapidement, cette juge bilingue sans compter le tamazight qu’elle utilise occasionnellement.
Invité à requérir, Sayeh, le représentant du ministère public réajuste sa fine paire de lunettes, prend soin de bien fixer le duo d’adversaires, le temps du procès et laisse échapper sans sourire: «L’affection, l’amour et la passion mènent souvent au bonheur. Aujourd’hui, nous avons deux jeunes qui ont mis ces trois grands mots en sous-mandat de dépôt et laissé la bêtise s’exprimer. Qu’y a-t-il dans ce dossier? Simple comme bonjour», a dit entre les mâchoires le parquetier avant d’aller au fond: «L’inculpé ne s’est pas rapproché de cette jeune étudiante par amour.
C’est la bague qui l’a poussé à jouer la comédie d’un rapide coup de foudre», a ajouté le représentant de la société au nom de laquelle, il va réclamer une peine de prison ferme de trois mois pour ce jeune délinquant primaire, «histoire de lui apprendre de ne plus jouer avec les sentiments des autres pour s’approprier un bijou qui ne lui appartient pas». La juge invite alors la défense...
Visiblement intéressée par l’affaire, l’avocate du prévenu s’en prend à la victime: «C’est une étudiante. Elle n’est ni bête, ni sotte, ni rien. Il n’y a aucune escroquerie. Ils se sont appréciés. Il lui a donné le numéro de téléphone de son portable et jamais son nom de famille. C’est une liaison qui a été étouffée dans l’oeuf. Ce n’est pas une liaison conjoncturelle», a sifflé l’avocate décidée à tout.
Puis elle revient un instant sur le pseudo-délit d’escroquerie car il n’avait rien à lui offrir ni encore moins à lui donner.
«C’est un pauvre mec démuni, à la limite du misérabilisme» (la victime rigole et l’inculpé lève la main pour protester). C’est la présidente qui va faire cesser les hostilités en mettant en examen le dossier jusqu’à la fin d’audience et elle annonce la relaxe au bénéfice du doute.
Ah! ces liaisons langoureuses, mais dangereuses...
Abdellatif TOUALBIA
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