lundi 17 octobre 2011

Mise en scène de l’illusion et spectacle de la réalité

Nous devrions donc nous intéresser aux soubresauts qui secouent le parti FLN. Comme autant de moments décisifs pour la suite de la vie nationale.

C’est vrai qu’autour du sigle, les évènements se précipitent. En cette veille du week-end, “les redresseurs” vont enfin se réunir en toute légalité, sous haute protection policière et avec la couverture médiatique de la télévision unique.

C’est donc un FLN “redressé” qu’on nous prépare pour les législatives 2012 ! Un “bon” FLN, rasé de plus près. Mais un FLN qu’on a été cherché dans son passé ; on ne fait pas dans le sang neuf. D’ailleurs, comme on se méfie du nouveau, la jeunesse restera toujours suspecte. Dans la culture du pouvoir, globalement islamo-conservatrice, le renouvellement consiste à recycler le plus ancien. Du changement à rebours en quelque sorte.

Qu’il s’agisse de l’appareil du parti ou de l’état-major, de ministère de souveraineté ou d’ambassade sensible, c’est toujours un “nouveau” qu’on rappelle de sa retraite qui est promu. Dans cet aspect de sa gestion, l’actuel régime, qui pourtant a élevé l’oubli au rang de cause nationale, montre qu’il peut avoir de la mémoire.

Logique, c’est dans sa plus vieille garde que peuvent se compter les meilleurs défenseurs du système. Il suffit d’observer que nos institutions comptent, en termes de moyenne d’âge, parmi les plus vieux ministres, les plus vieux députés, les plus vieux ambassadeurs pour admettre l’exceptionnelle permanence de notre système. Il fonctionne selon le principe de la noria, manège qui organise l’ordre de passage des godets remplis puis vidés à tour de rôle.

Ainsi, les “changements” ne manquent pas mais la continuité est assurée. Et ces changements n’ont donc pas de signification politique. Ils annoncent à peine une relève de clans qui se justifie par des nuances idéologiques.

Pas plus que “le coup d’État scientifique” de 1996 ou “le redressement” de 2004, qui permit justement l’avènement de Belkhadem, le redressement qu’on tente aujourd’hui ne concerne que des enjeux intimes du système rentier. Et c’est au moment où l’APN discute du sexe des anges à propos des quotas de femmes dans les assemblées, étape cruciale des “réformes démocratiques”, qu’on nous présente les convulsions internes comme une manifestation de la dynamique politique nationale.

Et, cinquante ans après l’indépendance, c’est un ministre issu de l’historique Malg qui supervise “la réforme” et autorise la réunion des “redresseurs” du FLN aux dépens du ministre représentant personnel du président. Et on assiste au spectacle des gesticulations sonores d’une sorte de Seïf El-Islam Belkhadem, brandissant le portrait de son père, lui-même portrait barbu craché de son père, semble tout droit sorti d’un scénario de fin de règne à la libyenne. “L’Otan” locale serait-elle entrée en action ? Et pour bien montrer qu’on est en Algérie, l’autre Algérie de papa, le fils, fonctionnaire des douanes, exhibe, sans quitter la limousine du parc de l’Assemblée nationale, un ordre de mission de l’administration de l’APN.

On baigne en plein spectacle contradictoire, surréaliste, où se mêlent tous les avatars du système : guerre des clans, perversion dynastique du pouvoir… Un spectacle, mais surtout pas une “réforme”.

Par : Mustapha Hammouche

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